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Musées

Hôtel de Jouéry. © Photo : André Méravilles


Salle des statues-menhirs © Photo : André Méravilles


Les menhirs font leur rave à Rodez

On l'attendait depuis quatorze ans : le musée Fenaille rouvre enfin ses portes au public. Quand la préhistoire s’installe dans la modernité…

Créé en 1837 par la société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, l’établissement conserve la plus importante collection de statues-menhirs en France (IV-IIIe millénaire avant J.-C.). De nombreuses donations ont enrichi le musée : on y découvre une mosaïque évoquant la ville gallo-romaine, des peintures murales du XIVe siècle révélant l’activité artistique en Rouergue au Moyen-Age ou encore des tapisseries d’époque Renaissance. Au total, 25 000 pièces constituent cette collection. Devant le manque de place et le non respect des normes de sécurité, la Communauté d’agglomération du Grand Rodez a décidé d’adjoindre à l’hôtel de Jouéry, offert par le bienfaiteur du musée, Maurice Fenaille, deux autres bâtiments. Aujourd’hui, l’espace d’exposition, multiplié par quatre, atteint 2600 m2.

Des énigmes de pierre
«L’enjeu majeur de ce projet était de créer un dialogue entre l’hôtel de Jouéry, témoignage de l’architecture Renaissance en Aveyron, et les nouveaux bâtiments. Finalement, ce qui devait être une contrainte est vite devenu un atout. Le parcours muséographique a su tirer parti de cette ambivalence entre l’esprit d’une construction ancienne et le traitement moderne des nouveaux espaces. La visite, à la fois chronologique et thématique, commence aux niveaux supérieurs avec les statues-menhirs et s’achève au rez-de-chaussée. À la question : "n’est-il pas choquant d’exposer des œuvres datant de plusieurs millénaires dans une présentation moderne ?”, je répondrais qu’il suffit d’observer les statues-menhirs pour y déceler des expressions très contemporaines. Nous les avons exposées dans un espace neutre où toutes les références urbaines ont été occultées. Des fosses de présentation, remplies de terre, rappellent l’environnement naturel auquel ces sculptures étaient destinées, tandis que des éclairages rasants mettent en évidence les reliefs.» explique Fabrice Mazaud, architecte. Celui-ci, également en charge de la restauration du musée Toulouse-Lautrec d’Albi, estime par ailleurs que le budget global de cette entreprise, d’environ 8 millions €, est «exceptionnellement faible».


 Stéphanie Magalhaes
13.07.2002