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Patrimoine

Joyau de la Renaissance cherche acquéreur

Sise à Strasbourg, la Cour du Corbeau devrait retrouver sa vocation première d'hôtellerie de luxe grâce au secteur privé.

STRASBOURG, 9 juil (AFP) - Après plus de 20 ans de décrépitude, la Cour du Corbeau, l'un des joyaux de l'architecture strasbourgeoise de la Renaissance, va peut-être enfin retrouver sa vocation première d'hostellerie de luxe, grâce au secteur privé.
La ville de Strasbourg, propriétaire de ces bâtiments classés monuments historiques, mais complètement délabrés, a décidé de mettre les lieux en vente en lançant un appel à candidatures en direction d'investisseurs dans la restauration et l'hôtellerie de prestige.
«Il s'agit de sauver ce qui constitue un joyau du patrimoine strasbourgeois», a déclaré Robert Grossmann (RPR), président de la communauté urbaine, lors du conseil municipal de lundi.
Des contraintes sévères sont fixées, selon la ville, dans le cahier des charges pour préserver le site, un ensemble immobilier à colombages, avec poutres et balustres sculptées, galeries et puits, d'une superficie d'environ 17 ares.
Deux ou trois sociétés ont déjà témoigné de l'intérêt pour ce projet, selon la ville. La date de limite de dépôt des offres est fixée au 15 novembre.
Ce projet constitue l'ultime d'une longue série de plans avortés, depuis deux décennies.
L'ancienne hostellerie, qui porte toujours en guise d'enseigne une statuette de corbeau accrochée au coin de sa façade, avait été rachetée par la ville en 1981 pour sa partie principale et d'autres acquisitions avaient complété l'ensemble jusqu'en 1998.
Cette année-là, la municipalité socialiste avait décidé de confier la Cour du Corbeau à la société France Construction, filiale de Bouygues Immobilier, pour en faire un hôtel de luxe de 50 chambres et suites, piscine, sauna et salle d'exposition.

Un lieu magique

Le projet fit long feu car la maire PS Catherine Trautmann avait refusé de vendre les lieux et l'investisseur ne pouvait trouver son équilibre financier en bénéficiant des avantages fiscaux accordés aux propriétaires de monuments historiques.
En novembre 1999, le nouveau maire PS Roland Ries projeta d'étendre le musée alsacien, trop à l'étroit dans ses locaux tout proches, dans la Cour du Corbeau. Nouvel échec.
Le projet de la nouvelle municipalité de droite prévoit notamment que le public garde l'accès libre à la première partie de la cour, et même qu'il puisse traverser le site par un passage piétonnier.
Car ce lieu magique, dont les murs s'écroulent et dont les poutres sont rongées par le temps, a une longue histoire à laquelle tous les Strasbourgeois sont attachés.
Construite en 1528, cette hôtellerie va pendant trois siècles accueillir une foule de personnages célèbres, parmi lesquels le duc de Bavière, Turenne, le roi Jean-Casimir de Pologne, le roi Frédéric II de Prusse en 1740 (sous le pseudonyme de Comte Dufour) et l'empereur Joseph II d'Autriche en 1777, sous le pseudonyme de Comte de Falkenstein.
A la fin du 18e siècle, la Cour du Corbeau abrite la poste aux chevaux.
En 1854, l'hôtel ferme ses portes pour devenir une verrerie, entraînant une lente dégradation des lieux jusqu'à nos jours. Les travaux de réhabilitation, en partie financés par l'Etat, s'élèvent à près de 10 millions d'euros.

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  AFP
10.07.2002