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Expositions

Mappemonde
© De Agostini


Quand la géographie rencontre l'art

Vélins, parchemins, manuscrits : une exposition milanaise retrace des siècles de représentation cartographique. Entretien avec Carlo Pirovano, coordinateur du comité scientifique.

Pourquoi une telle exposition ?
Carlo Pirovano.
Pour les cent ans de la maison d’édition De Agostini, établie en Lombardie, près de Novare, qui a longtemps été spécialisée dans les cartes et les atlas, même si elle est maintenant une multinationale qui a élargi son registre aux encyclopédies, aux magazines de divulgation, etc. Par ailleurs, l’exposition se tient à Palazzo Reale, à côté de celle consacrée à Picasso et il était intéressant de juxtaposer deux manifestations tout à fait différentes, donc complémentaires.

Qu’est ce qui a poussé les hommes à représenter la Terre ?
Carlo Pirovano.
Chercher à comprendre, à mesurer, à représenter est déjà un acte artistique en soi : c’est ce qui nous intéressait. Mais représenter n’est jamais un geste neutre. C’est toujours une interprétation. Au Moyen Age, on représentait la Terre plate. Pourquoi ? Parce que les concepts bibliques imposaient cette logique. Jérusalem était au centre et le monde se construisait autour. De même, on dessinait les continents en forme de croix parce que la Bible disait que l’Europe, l’Afrique et l’Asie avaient été peuplées par les trois fils de Noé… Dans le cas du Roi-Soleil, on représente les territoires possédés et ceux que l’on souhaite conquérir. La cartographie devient une façon d’affirmer son pouvoir. Ce qui est passionnant, c’est trouver les fils conducteurs derrière chacune de ces conventions.

Quelles pièces avez-vous réunies ?
Carlo Pirovano.
Cela va des tablettes babyloniennes jusqu’à la photographie aérienne de dernière génération. Nous présentons une copie de la fameuse carte romaine de Peutinger et des portulans, qui indiquaient tous les dangers de la navigation maritime. Une section conséquente est consacrée aux cartes sur la Lombardie et Milan : au 14e siècle, Galvano Fiamma dessine un cercle parfait dont Milan est le centre. Plus tard, c’est Léonard de Vinci, fasciné par tout ce qui rapporte à l’anatomie, à la lymphe, qui dessine les canaux, en imaginant voler au-dessus d’eux. Sont également exposés des mappemondes de Coronelli, le plus grand atlas du monde, provenant de la British Library, et un itinéraire indien sur rouleau de papier long de 20 mètres.


 Rafael Pic
01.10.2001