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Patrimoine

Dominique Perrault, médiathèque de Vénissieux


Médiathèque de Vénissieux : un Dominique Perrault à taille humaine ?

L'architecte de la Très Grande Bibliothèque signe un nouvel équipement culturel près de Lyon.

Dominique Perrault, l’architecte de la très contestée Très Grande Bibliothèque de France baptisée du nom de son prince commanditaire, vient de réaliser à Vénissieux, dans le département du Rhône, une médiathèque, qui a été inaugurée le 21 septembre. On y retrouve la volonté de transparence et de lumière exprimée il y a plus de dix ans dans les travaux de l’architecte, y compris sa grande œuvre de la Rive Gauche. Ce projet est plus modeste, dans son programme et du fait de sa taille. Il amorce un nouveau tissu urbain dans le quartier des Minguettes, s’implantant face à l’Hôtel de Ville. Le parcellaire est éclaté, de faible densité, mêlé de bureaux, de petites maisons particulières et de grands immeubles. Le sol est nivelé autour de la mairie pour permettre au bâtiment de s’inscrire de plain-pied avec l’avenue Marcel Houët. La volumétrie est simple, un parallélépipède rectangle, dont l’un des bords est légèrement incliné pour épouser la direction de la rue, contient les ouvrages. De ce volume pur, lisse, émerge un bloc vertical, dans la même veine, qui héberge bureaux et stockage. Une peau de verre et de métal, vocabulaire propre à Perrault - disciple sans conteste de Mies van der Rohe -, habille le bâtiment.

À l’intérieur, une grande galerie ceinture les salles de lecture, réseau de circulation connecté à un axe nord-sud qui traverse de part en part le vaste espace ouvert. Ce dernier fait office de hall, de rue, de passage couvert. Les espaces de lecture sont généreusement ouverts, simplement divisés en secteurs par des cloisons amovibles et par le dispositif mobilier. Une lumière tamisée pénètre à l’intérieur, filtrée par les panneaux verriers, sandwichs de 9 cm d’épaisseur qui met en œuvre deux glaces sertissant un vide de 5 cm occupé par des lames de tôle pliée, perforée à 35 %. Ce derme joue de même un rôle thermique et acoustique. Ainsi, le bâtiment change à chaque instant de visage, tantôt opaque, tantôt semi-transparent, aux reflets bleutés, cuivrés au crépuscule, sans cesse énigmatique. De l’intérieur, le paysage urbain extérieur est perçu légèrement brouillé, mais toujours perceptible. Un édifice quelque peu hermétique au regard, protecteur des ouvrages et de la paix de ses lecteurs vénissians et d’ailleurs.


 Rafaël Magrou
28.09.2001