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Expositions

Trouver la femme…

Longtemps considéré comme un artiste mineur, celui que Baudelaire qualifiait de «peintre de la vie moderne», Constantin Guys, est redécouvert.


Constantin Guys, Charmes,
1860-1864, Musée de la vie
romantique.
© P. M. V. P., Pierrain.
PARIS. La centaine de pièces présentées à l’occasion du bicentenaire de la naissance de l’artiste proviennent toutes des collections de la Mairie de Paris (Musée Carnavalet, Musée du Petit Palais). Entre La Matrone, La Professionnelle, La Croqueuse ou L’Accroche-Cœur, c’est un univers exclusivement féminin qui est exposé dans cette première salle aux allures de cabinet de dessins privé. Ni datés, ni signés, les portraits de femmes au lavis d’encre sur papier vélin ou vergé ont tous été réalisés entre 1860 et 1885, quand l’artiste quitte son poste d’illustrateur à l’Illustrated London News. Pourquoi un artiste protégé par Nadar - le photographe possédait plus de six cents dessins de sa main - et admiré par Manet - quelque soixante feuilles étaient en sa possession - a-t-il sombré dans l’oubli ?

Mousseline et aquarelle
Derrière les scènes d’insurrection, de jugement, les comptes-rendus du Derby d’Epsom ou des réceptions à la cour de la reine Victoria, Constantin Guys s’intéressait aussi à l’image de la femme… Posant de face ou de dos, en pied ou en buste, arborant des toilettes sévères ou plus frivoles, des bijoux et des rubans, elles affichent différents degrés de poésie et de vulgarité. Femmes du monde dans des loges de théâtre ou filles de joie dans des maisons closes : Constantin Guys croque les mœurs de la société de son temps. De la feuille esquissée au croquis rehaussé d’aquarelle, l’art du dessinateur se révèle. Baudelaire avait raison : «Nous pouvons parier à coup sûr que, dans peu d’années, les dessins de M. G. deviendront des archives précieuses de la vie civilisée».


 Stéphanie Magalhaes
04.12.2002