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Et au cœur du Moyen Âge pousse un jardin

Les jardins médiévaux ne survivent qu’à travers les sources iconographiques. Le catalogue de l’exposition « Sur la terre comme au ciel » dresse un état des connaissances.

Durant la seconde moitié du Moyen Âge, alors que le développement urbain voit - déjà ! - apparaître le rêve d’un retour à une nature-refuge, le jardin semble au centre de toutes les réflexions. À la suite des penseurs monastiques, qui avaient sous leurs yeux un cloître, image de l’Eden, les simples fidèles faisaient de cette nature maîtrisée par l’homme une allégorie morale… L’âme est un jardin dont il convient d’extraire les mauvaises graines pour y faire germer les fleurs de la vertu. Une conception à l’évidence bien éloignée de la signification que lui assignent les auteurs courtois ! Car l’époque du Roman de la rose voit également la célébration du jardin comme un lieu de providence pour le bien-être des amants. C’est derrière un treillis où grimpent des rosiers que, contemplée par Arcitas et Palémon, la jeune Émilie de la Théséide de Boccace tresse une couronne de fleurs. C’est également à l’abri des frondaisons et d’une clôture protectrices que les couples amoureux du Livre du Duc des vrais amants échangent de douces confidences.

Traités de jardinage et témoignages archéologiques
À l’heure où des paysagistes contemporains s’inspirent de modèles monastiques et de « jardins de simples », le catalogue de l’exposition du Musée national du Moyen Âge recence les connaissances sur ces créations pour le moins méconnues. En l’absence de vestiges, les auteurs nous guident à travers les sources existantes. Ils dépouillent les textes sacrés et courtois, les traités relatifs aux jardins d’agrément ou les comptes de résidences. Une centaine de notices rédigées par des spécialistes européens dressent un bilan des données iconographiques. Les rares témoignages archéologiques sont analysés, tels ces pots de fleurs en céramique glaçurée de l’hôtel de Brion à Avignon ou ces gants de cuir similaires à ceux des scènes d’hommes travaillant à la taille ou à la greffe. De même, peintures, tapisseries et enluminures sont savamment étudiées. Car, sous l’influence du réalisme flamand, apparaissent des représentations précises de jardins. Une source significative si on admet que ces images, quoique symboliques, témoignent de la réalité…


 Zoé Blumenfeld
14.09.2002