Home > Le Quotidien des Arts > Ben, artiste

Expositions

© D.R.

Ben, artiste

«Je ne sais pas d’avance si j’irai à la Fiac ou pas. Ça dépend si je suis ou non jaloux. Ceci étant, je finirais sans doute par y faire un tour pour noter tout le monde de 0 à 10.»

Lundi 28 octobre. J'espère que j'aurai ma chambre à l'hôtel La Louisiane, la chambre 36, ronde qui donne angle rue de Buci, rue de Seine. Un jour j'étais dans cet hôtel et j'ai rencontré Name June Paik qui m'a dit : «Chambre 36, bien sûr ?». Vers 10 h, je ferai un tour chez Fleiss, galerie 1900-2000. Retour à pied par la rue des Beaux-Arts après avoir sans doute acheté un collier africain pour Annie ma femme, chez Ozenda. À 11 h, je pousse la porte de la galerie Lara Vincy pour m'asseoir et discuter de mon expo sur la philosophie le 5 décembre. J'éviterai les grandes expos. Elles me rendent malade. Je ne sais pas d'avance si j'irai à la Fiac ou pas. Ça dépend si je suis ou non jaloux. Le docteur m'a dit de ne pas me mettre dans des situations qui risquent de me stresser et de me rendre trop jaloux. Ceci étant je finirais sans doute par y faire un tour pour noter tout le monde de 0 à 10. La nuit, ou bien je téléphonerai à Annie à tout bout de champ, ou bien j'irai avec des amis danser aux Bains Douches.
Mardi 29 octobre. Debout à 9 h, je téléphonerai à Jacques Caumont, le grand spécialiste de Duchamp, pour prendre mon petit-déjeuner avec lui. Ensemble, on se fera plaisir en disant du mal d'un tas de gens. Dès que l'un de nous trouvera quelque chose de vraiment méchant sur quelqu'un, on se mettra à rire. Cela dit on n'est pas méchant.
Mercredi 30 octobre. J'avais vaguement prévu, il y a six mois, d'aller à New York mais j'ai décidé d'annuler le voyage. Je suis parano et donc persuadé que, vu mes opinions anti-Bush, la CIA fera qu'ils m'emmerderont à la douane. Tant pis pour eux et tant pis pour la galerie Zabriskie qui voulait me faire une exposition ! Si j'ai fini ma liste parisienne, je rentrerai à Nice plus tôt que prévu.
Vendredi 1er novembre. Sur mon calepin il n'y a rien. Pourtant, rien n'existe pas. Si seulement c'était vrai et que je n'avais rien à faire. Hélas, je sens que je ferai des listes, du rangement, du nettoyage et que je vais tourner en rond pour préparer mon expo sur la philosophie et que je vais trouver tout philosophique ou rien de philosophique.
Samedi 2 novembre. Je me lèverai entre 7 h 30 et 8 h de mauvais poil parce que je dors très mal et que je me couche tard, collé devant la télé ou Internet jusqu'à 2 h du matin. 9 h : je vais chercher un assistant étudiant au café Bergerac où je lis les nouvelles dans Le Monde et Libé. Je remonte à la maison où je bats le rappel. Eva, ma fille, l'assistant et Annie doivent prendre note des listes du travail du jour. C'est vrai, j'ai une manie de la liste et de l'ordre. 18 h : je raccompagne mon assistant et je vais au café Borghèse rencontrer les copains artistes de La Station, avec ma caméra, parfois avec Eva et sa caméra. On veut faire un film sur la Vérité.
Dimanche 3 novembre. Journée de travail sur Internet avec l'artiste Maxime Matray. On va gamberger sur mon site. J'adore travailler avec Maxime, il est calme, et tout avance. J'ai plein d'idées de nouvelles rubriques, surtout une : «Ben méchant» où je note tous les artistes de 1 à 10 sur «nouveau», «sex-appeal», etc. Allez voir, ça vaut le coup, vous pouvez même taper votre nom dans mon moteur de recherche pour savoir ce que je pense de vous.
Voilà pour en savoir plus, allez à ben-vautier.com.


 Sophie Braganti
28.10.2002