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Expositions

Abracadabra Alberola !

Le peintre transforme la galerie Templon en cabinet d’amateur du XXIe siècle.


Jean-Michel Alberola,
J'ai l'impression de parler à un mur.
© Daniel Templon.
PARIS. Une belle exposition, constituée de sept toiles seulement, c'est possible. La preuve : la nouvelle présentation d'Alberola, héros français des années 1980 qui n'en finit pas de bien vieillir. Ses sept œuvres récentes, subtiles, chatoyantes, dialoguent avec des murs peints, selon un principe décoratif et spectaculaire, qu'il pratique depuis vingt ans déjà. Ainsi, deux des facettes de son univers sont données à voir. Sur les murs, de grands aplats vifs servent de fond à des signes noirs, imbriquant des formes relativement anthropomorphiques et des mots. «J'ai l'impression de parler à un mur», «L'état de mes idées», etc. Le résultat, à mi-chemin entre les cadavres exquis surréalistes et le Pop Art, est éclatant, élégant. Pour 20 000 €, un collectionneur peut demander à l'artiste de reproduire chacun de ces motifs à son domicile (chacun étant une pièce unique), au format qui lui convient. Les toiles (7 600 à 30 500 €) accrochées à même ces peintures murales, s'inscrivent quant à elles dans la suite, plus actuelle, de l'œuvre à laquelle l'artiste nous a désormais habitués.

Un pied, un menton...
Le système Alberola procède toujours par contours simples, signifiant et imbriquant des corps et des espaces. Des zones, des taches, des tons, les emplissent et les animent. À chaque fois, un seul détail est précisé, affiné, dessiné. Un pied, un poing ou un menton. Surgissent aussi, parfois, le rythme des barreaux d'une chaise et celui du damier d'un carrelage. L'essentiel ici n'est pas dans le récit mais dans la présence. Alberola célèbre l'état de Vie en le définissant comme une confrontation, silencieuse, au mystère de l'Autre. La touche sensible, organique, confère aux masses indéfinies une vibration sensuelle, les inscrivant dans la tradition de la grande peinture. Il serait tellement bon d'en parler avec le maître ! Mais, fidèle à son habitude, il était absent lors de son vernissage et refuse toute rencontre avec la presse. Ses réflexions, il les garde pour ses étudiants de l'École nationale supérieure des beaux-arts. Les veinards !


 Françoise Monnin
07.10.2002