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Expositions

Anish Kapoor, la folie des grandeurs

L’artiste anglais investit la Tate Modern avec Marsyas, une sculpture monumentale.


Anish Kapoor, Marsyas
© Tate Modern
LONDRES. À l’entrée s’élève un anneau d’acier gigantesque. Derrière, une toile en PVC rouge sombre s’étire comme une véritable artère, traversant le Turbine Hall en son entier (155 m de long). Le vide abyssal qu’elle révèle en son centre aspire le spectateur dans une spirale vertigineuse. Anish Kapoor a divisé son œuvre en trois mouvements : aux deux anneaux verticaux posés en équilibre aux deux extrémités du hall et qui soutiennent la membrane pourpre d’un seul tenant, il a ajouté un anneau horizontal, retenu par la membrane. La sculpture ne laisse pas de marbre, mais son sens reste insaisissable.


Anish Kapoor, Marsyas
© Tate Modern
En écho au Marsyas écorché
L’installation d’Anish Kapoor fait référence au mythe de Marsyas - satyre qui fut écorché par Apollon - dont Le Titien réalisa peu avant de mourir une représentation terrible. Des contours imprécis, une pâte sale, un travail avec les doigts qui y concurrence celui du pinceau... L'ensemble exprime un sentiment de violence poignante. «Je me suis inspiré de cette toile. Le titre de “Marsyas” était tellement évocateur de la symbolique de ma sculpture que j’ai fini par l’adopter», explique l’artiste. Les éducateurs athéniens avaient coutume d’enseigner ce mythe pour affirmer la suprématie de la civilisation sur la barbarie… Un espoir insufflé par l’œuvre de Kapoor au cœur d’une réalité qui en a plus que besoin. «La suggestion de la douleur dans mon installation est là, c’est indéniable», conclut-il.


 Muriel Carbonnet
18.10.2002