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Expositions

Les îles noires

L’archipel mélanésien des Salomon livre ses objets quotidiens et rituels.


Nouvelle Géorgie, bâtons des morts,
bois, coquillages et fibres, env. 65 cm.
© Hugues Dubois / Voyageurs et Curieux.
PARIS. Voilà deux ans que Jean-Edouard Carlier a ouvert «Voyageurs et curieux» au 2, rue Visconti. Sa galerie consacrée à l’Océanie, il l’a voulue à l’image des cabinets de curiosités de la Renaissance. Les murs sont recouverts de boiseries où se déploient niches, étagères et tiroirs recélant objets d’art, livres anciens et naturalia. Il y présente actuellement une exposition consacrée à un archipel qui se déploie à l’Est de la Nouvelle-Guinée : les îles Salomon, nommées ainsi en 1569, par le navigateur espagnol Alvaro de Mendana de Neyra, persuadé d’avoir déniché un paradis terrestre digne de celui du légendaire roi.

Emblèmes mélanésiens
Les œuvres emblématiques de cette région sont bien sûr représentées. Ce sont des objets en bois noirci à la résine et incrustés de nacre de nautile : peignes, bâtons de danse ou figures de proue. Bustes mi-homme mi-chien, ces musumusu étaient attachés à la limite de la ligne de flottaison des pirogues pour assurer la sécurité des pêcheurs. Autres pièces célèbres, les rouleaux de monnaies des îles Santa Cruz. Dits manahau ou tevau, ils étaient constitués de plumes écarlates savamment fixées sur des lanières de fibres végétales. À côté de ces incontournables figurent des objets plus inattendus comme un ensemble d’hameçons et de flotteurs sculptés, des pagaies ornées de figures polychromes ou deux modèles de pirogue, très fidèles aux embarcations des îles Ulawa et Tikopia. Signalons enfin des témoignages étonnants du culte des ancêtres en Nouvelle Géorgie. Ces bâtons décorés d’éléments de coquillage étaient effectivement destinés à protéger les caches à crâne d’ancêtres, lorsqu’ils n’étaient pas utilisés en guise de charme lors des expéditions de chasse aux têtes.


 Zoé Blumenfeld
07.01.2003