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Marché

Polémique autour de la vente Giacometti

À deux mois de la dispersion de bronzes provenant de la succession du sculpteur, nombreux sont ceux qui contestent le bien-fondé de l’initiative.


Buste d’homme dit n°253,
bronze à patine verte. Christie’s,
Succession Giacometti,
28/09/2002.
Alors que les salles de vente sont en «basse saison», l’affaire Giacometti semble devoir constituer le feuilleton estival du marché de l’art. Le 31 mai dernier, Christie’s annonçait la mise en vente de 38 bronzes provenant de la succession d’Annette Giacometti et relançait une polémique vieille de presque dix ans… Jusqu’alors, les principaux débats s’étaient cristallisés autour de l’interprétation du testament de la veuve du sculpteur et de la vente organisée en 1994 par Tajan à la demande de Me Roland Dumas, son exécuteur testamentaire. Cette fois encore, l’enjeu central reste le même : la création d’une fondation dotée des œuvres dont a hérité Annette à la mort de son époux, en 1966. Un projet mené par l’association Alberto et Annette Giacometti, mais fortement décrié par les frères d’Annette qui estiment être les véritables héritiers du legs. Ces derniers sont d’ailleurs soutenus par certains musées qui pourraient recevoir des œuvres en dation - donc sans bourse délier - si les deux hommes étaient amenés à s’acquitter de leurs droits de succession…


Une vente décriée
C’est que la vente du 28 septembre commanditée par l’administrateur judiciaire en charge du dossier depuis 1999, Me Hélène Da Camara, n’est pas vue d’un bon œil par tous. François de Ricqlès, vice-président de Christie’s France, nous a déclaré que «le choix des œuvres a été effectué de sorte que la fondation ne soit pas privée de pièces “essentielles”, ce qui exclut quatre catégories d’œuvres : les peintures, les dessins, les plâtres originaux ou les bronzes exécutés du vivant de l’artiste. Cette sélection a été réalisée en collaboration avec Me Da Camara et les experts qui l’ont assistée durant les inventaires. Nous n’avons fait que confirmer ces choix en fonction de la qualité des pièces». Une position qui ne rencontre aucun écho chez les autres parties en cause. Le conseil d’administration de l’association a annoncé la nécessité que «soit précisé, de toute urgence, le bien-fondé de la vente publique» que Me Da Camara «juge nécessaire pour s’acquitter de ses frais et de ses procédures diverses» mais qui «va encore amputer, et donc léser, l’ensemble des œuvres léguées». Les instances judiciaires et ministérielles multiplient quant à elles les avertissements à l’endroit de l’administratrice. Le procureur du parquet de Paris, Pascal Le Fur, a ainsi déclaré qu’il fallait «que cette plaisanterie s’arrête», d’autant plus que des frais «grandioses sont engloutis dans la succession. Et ce, peu après que Jean-Jacques Aillagon eut demandé à Me Da Camara d’exécuter «ses diligences avec rapidité», réclamant des explications sur «les raisons qui la conduisent à vendre aux enchères».


 Zoé Blumenfeld
30.07.2002