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Expositions

L’art au jardin

Jean-Pierre Coffe se transforme en commissaire d’exposition et présente des épouvantails contemporains dans son potager.


Jean-Pierre Coffe devant l’épouvantail
de Clotilde Salmon
© Photo: Françoise Monnin
«Je voulais des jeunes inconnus et des gens plus célèbres pour écraser les frontières liées à la notoriété, parce que je sais ce que c’est. Je voulais par vicelardise (sic) réunir des gens, comme ça, et voir comment cela se passerait. Eh bien, cela n’a donné que de l’amour». Content de son tout nouvel habit de commissaire d’exposition, Jean-Pierre Coffe arpente son potager, en pleine campagne, dans la région de Châteaudun. Il décrit chacun des épouvantails imaginés par les artistes qu’il a choisis avec la complicité de deux amis appartenant au monde de l’art, Claudine Boni et Michel Gillet. Il y a celui de François Arnal réalisé en bouteilles de champagne Laurent Perrier, celui du célèbre Klasen, étonnamment ludique et hérissé de plumeaux de ménagères, celui d’Hélène Delprat, aussi mystérieux qu’élégant avec sa tête d’oiseau et son corps constellé de miroirs et de jetons des casinos Lucien Barrière ou celui de Ricardo Mosner, tout en fer forgé et casseroles soudées... Du côté des moins de 30 ans, L’Indien en toile de Clotilde Salmon flotte au vent tandis que Le spectre en cire de Paul Toupet tourne sur lui-même. Parmi les plus réussis, figurent encore la tête de taureau empaillée montée sur miroir de Chambas et Le Sèche Nuages signé Bruno Rosier : très peu de métal, juste assez pour signifier une tête et deux bras écartés, un peu de paille, et deux drapeaux aux couleurs du ciel.


Épouvantail de Bruno Rosier.
Titre : Le Sèche Nuages
© Photo: Françoise Monnin
Du potager à la galerie…
Jean-Pierre Coffe se sent manifestement bien dans cet univers. Il pense, d’ailleurs, ouvrir un centre d’art de l’éphémère, afin de dynamiser le tourisme de cette région qui en a bien besoin. «Dans l’éphémère, il y a quelque chose à montrer. J’imagine un endroit où on pourrait voir des choses en cours de décrépitude, voire disparues. Moi, ce qui m’amuse, c’est la manière dont tout se dégrade». En attendant, le plus médiatique de nos gastronomes aménage une école destinée à la formation du goût des vendeurs en grandes surfaces et, dans une serre, une galerie d’art réservée aux petits formats bon marché. Il s’apprête également à greffer certaines essences centenaires du château de Versailles et rêve de mettre en place, dans les champs voisins, à chaque fin de moisson, un festival de sculpture monumentale. Quant à l’exposition qui se prolonge jusqu’à la fin de l’été, elle devrait voyager cet automne pour être présentée chez chacun de ses sponsors. Une dizaine, au total, qui ont permis à Jean-Pierre Coffe de rémunérer les artistes pour leur prestation (chacun 1 500 €), et de financer une petite partie du banquet de vernissage. Qui fut historique, réputation oblige !


 Françoise Monnin
10.08.2002