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Expositions

Le drapé dévoilé

Comment les artistes ont-ils utilisé en peinture le vêtement ? Telle est la question soulevée par l’historienne d’art Anne Hollander à la National Gallery.


Jacob Jordaens,
Le roi Candaule présentant son
épouse à Gyges
,
1646
© National Gallery
L’étude du vêtement et du drapé dans l’art, et plus particulièrement dans la peinture, dépasse la simple observation historique. La problématique est complexe : s’agit-il de vêtement, de mode, d’effets dramatiques ou de mise en scène du corps nu féminin ? C’est à ces questions que s’est confrontée Anne Hollander. Le vêtement remplit un besoin primaire, celui de nous vêtir, et secondaire, celui de nous parer. Il joue un rôle essentiel, en aidant à identifier les figures ou à indiquer les modes, ajoutant du drame au récit, créant des effets sensuels ou érotiques, donnant de l’emphase et une force émotive aux sujets ou sanctifiant un personnage. Si le sujet est passionnant, le décalage entre le discours et l’accrochage ne place pas l’exposition à la hauteur du thème : on ne comprend pas toujours comment les artistes ont donné vie à des costumes, vêtements et autres drapés magnifiques dans leurs toiles.

Des regards croisés hardis
Le fait de réévaluer le rôle fascinant et essentiel que vêtements et drapés ont joué, et jouent encore, est une noble entreprise. Osée est la comparaison de sensualité entre Jeune homme mordu par un lézard, du Caravage, et un autoportrait de Cindy Sherman. Plus osée encore est la proximité sulfureuse de deux portraits de Guido Reni et de Friedrich Von Amerling avec deux photographies représentant Dorothy Lamour et Marilyn Monroe. Cette exposition n’aurait-elle pas simplement pour objectif de réunir à nouveau art et mode ? Louons cependant le choix d’exposer des chefs-d’œuvre de Fragonard, Jacob Jordaens, Véronèse, Bonnard ou de Matisse.


 Muriel Carbonnet
17.08.2002