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Jules Wabbes, un mobilier épuré

Cette première monographie retrace la carrière d’un architecte d’intérieur du Bruxelles des années 1950.

Qui était cet homme long à la moustache fine et à l’air sévère ? Rares sont ceux qui connaissent Jules Wabbes (1919-1974). Cet architecte d’intérieur belge a pourtant eu son heure de gloire grâce aux aménagements qu’il réalisa pour des villas bruxelloises, des bâtiments administratifs (ambassade des États-Unis à La Haye, Bibliothèque de l’université de Louvain, etc.) et même pour des avions de la Sabena. À l’heure où le design des années 1950 et 1960 suscite un regain d’intérêt, l’une des filles de Wabbes, historienne d’art, nous le fait redécouvrir. Grâce à de foisonnants témoignages et archives, les données personnelles viennent éclairer l’évolution stylistique…

Une approche dépouillée
Élevé dans une famille de la petite bourgeoisie bruxelloise plus préoccupée de commerce que d’architecture, Jules Wabbes quitte l’école à 16 ans. Fasciné par la perfection des formes naturelles et doté d’un réel «œil», il ouvre un magasin d’objets et un petit atelier de restauration, premier pas dans la voie de la création. De fil en aiguille, il conçoit des meubles, lance un bureau d’études spécialisé dans l’aménagement d’entreprises et crée Le Mobilier universel, une société destinée à la diffusion de ses modèles. Primé à la Triennale de Milan et à la Foire internationale de Munich, devenu professeur à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, Jules Wabbes s’éteint brutalement en 1974. Il laisse derrière lui des décors, rarement conservés en état, et de nombreux meubles. La Table Gérard Philipe, baptisée ainsi en l’honneur de l’un de ses premiers acheteurs, est révélatrice de son style. Résolument modernes, ses formes dépouillées soulignent l’usage avec une simplicité qui dissimule le tour de force technique. L’un des défis de Jules Wabbes consistait en effet à concevoir des meubles en lattes de bois massif, assemblées de manière à résister au travail du matériau. Car, bien qu’ayant appris la menuiserie de manière empirique, il restait convaincu que «ce qui compte, c’est l’expression sincère de la qualité».


 Zoé Blumenfeld
11.09.2002