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Expositions

Gottfried Honegger : au début était la lumière

Le centre d’art contemporain Bouvet Ladubay accueille les œuvres récentes de l'artiste. Benoit Lemercier, le responsable de l’espace, a mis sept ans à concrétiser cette exposition.


Gottfried Honegger ( à gauche)
et Jean Daive. © Muriel Carbonnet.
Les nouvelles réalisations de Gottefried Honegger sont des formes en creux, peintes de différentes couleurs industriellement afin d’évacuer tout romantisme issu de la main de l’artiste. «Aucune de mes œuvres ne sont centrées sur les murs blancs ; Benoit a réellement compris que mon œuvre fait partie du mur et que le mur fait partie de mon œuvre. C’est vrai que j’ai voulu quitter l’œuvre encadrée pour entrer dans l’espace… finalement, dans l’espace dans lequel nous vivons aujourd’hui». Elles laissent passer la lumière et la diffusent, métamorphosées dans ce creux qui devient tout à coup le support de l’interprétation concrète de la lumière colorée. On pourrait les confondre de loin avec des néons… presque magiques !


«Le carré, le triangle, le cercle sont la matière première du monde visuel. Depuis des années, je travaille avec ces formes primaires. Je pense qu’il est possible de témoigner ainsi de la richesse et des sentiments que contient la géométrie», explique l’artiste. Il parvient ainsi à une symbiose parfaite avec l’architecture et l’environnement : «c’est pour répondre à cette nécessité que j’ai développé mes sculptures». À 85 ans, Honegger est lucide sur son travail : «J’ai compris que l’espace doit être le médium de ma vision», et sur la société : «L'art est un moyen de reconquête esthétique du milieu urbain, un signe et une marque d'identité nécessaire pour l'homme». Sa démarche est également un engagement moral, ouvert et libre, politique au sens de la « cité » : elle doit servir la société qui a besoin de l’art et de la culture, surtout en ce moment où il existe une sorte de «pollution esthétique» : «la laideur me rend malade». Ses dernières pièces sont troublantes. Elles «donnent l’illusion d’émettre une lueur d’une tonalité chaque fois différente», souligne Benoit Lemercier. Il s’agit d’une exposition d’art concret et non abstrait : «rien n’est plus réel, plus concret qu’une forme, qu’une couleur, qu’une surface», estime l’artiste. Les œuvres d’Honegger parlent l'unique langage des formes et de la lumière.


 Muriel Carbonnet
06.09.2002