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Patrimoine

Touche pas à mon menhir

Un collectif d’associations bretonnes occupe le site de Carnac pour protester contre le projet d’aménagement conçu par l’administration des monuments historiques.


Les alignements de Kermario.
© Centre des monuments nationaux.
Depuis le 25 août, plusieurs associations bretonnes réunies dans un collectif baptisé «Holl a gevred» («ensemble» en breton) ont «libéré» de leurs grilles Kermario, qui compte environ 980 menhirs, Kerlescan (240 menhirs) et Le Menec (1000 mégalithes) sur le site de Carnac, dans le Morbihan. Par cet acte, elles réclament l’annulation du décret d’utilité publique et sa prorogation. Le collectif est constitué des associations Menhirs Libres, Keep it blue, Bemdez, la Coordination anti-répressive de Bretagne, la Confédération paysanne, la Confédération maritime, la Marche des libertés bretonnes, Emgann, la gauche indépendantiste bretonne, soutenus par l’Union démocratique bretonne (UDB) et les Verts.

Le «Grand Carnac»
Les célèbres alignements mégalithes sont entourés de grillages depuis dix ans, empêchant l’accès au site durant l’été à l’exception de quelques visites guidées. Dans les années 1980, à la suite d’une très forte fréquentation touristique il s’est produit un tassement du sol tel, qu’il a entraîné un déchaussement et une fragilisation des menhirs. En 1990, le ministre de la Culture Jack Lang annonce la mise en place du projet «Grand Carnac» et prévoit l’acquisition d’une centaine d’hectares supplémentaires pour constituer une zone tampon autour des alignements. Le projet d’aménagement des monuments historiques a été déclaré d’utilité publique en 1997. Il prévoit notamment la création d’une zone protégée, de parkings, d’une boutique-cafétéria, la déviation d’une route et l’expropriation de plusieurs maisons riveraines du site.

Percer le mystère...
Pour Laurent Heulot, administrateur des sites mégalithiques de Bretagne, « ce patrimoine architectural extrêmement fragile, antérieur aux pyramides égyptiennes, est une source potentielle de connaissances scientifiques. » À ce jour, différentes interprétations d’ordre religieux, rituel ou mathématique tentent d’expliquer le mystère des mégalithes. Quel que soit le terrain d’entente entre le projet des monuments historiques et ceux présentés par les associations, la préservation des menhirs passe obligatoirement par celle du sol archéologique. La préfecture du Morbihan a déclaré dans un communiqué qu’il n’est « pas question de remettre en cause ce projet mais au contraire d’assurer sa mise en œuvre dans les meilleurs délais possibles, en vue notamment d’assurer l’inscription des alignements de Carnac au patrimoine mondial de l’Unesco ».


 Stéphanie Younès
05.09.2002