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Patrimoine

Pour que le Mont redevienne une île

Le projet de désensablement de la baie du Mont-Saint-Michel : dernière ligne droite avant accord.

Désensabler la baie du Mont-Saint-Michel afin que ce site unique continue de surgir de la mer fait l'objet depuis mardi et jusqu'au 23 septembre, d'une enquête publique, dernière étape d'un projet qui a mis près de dix ans à se concrétiser.
Tandis que les espaces herbeux, dit «herbus», arrivent actuellement pour certains à 200 m de la «Merveille», le Mont menace d'être entouré de terre quand il doit sa notoriété à l'harmonie de son architecture gothique se dressant au milieu des grèves.
Les travaux vont donc consister à faire que le Mont reste une île en débarrassant la baie des sédiments accumulés pour «faire circuler la mer autour du Mont», explique à l'AFP Pierre Lécuyer, chargé de mission pour l'Environnement au Conseil régional de Basse-Normandie.
Deux grands axes ont été dégagés pour accomplir ce curage: construire un barrage sur le Couesnon, la rivière qui se jette dans la baie, afin «d'accumuler l'eau de mer à marée haute puis de la libérer à marée basse pour dégager les sédiments» et remplacer la «digue-parking» d'accès au Mont par un pont afin que l'action de ces chasses d'eau se répartisse tout autour du site.
Étudiée et vérifiée sur un modèle réduit, l'efficacité de la méthode devrait être visible au bout de la deuxième année, lorsque près de la moitié des sédiments auront été déblayés. «Il faudra encore cinq ans supplémentaires pour constater la totalité des résultats», poursuit M. Lécuyer.
Il précise qu'il s'agit d'un projet durable, puisque la mer dépose chaque année le sable fin qui encombre la baie du Mont-Saint-Michel, classé depuis 1979 au patrimoine de l'Unesco.

Pharaonique

Si l'enquête publique, dénommée «Rétablir le caractère maritime du Mont-Saint-Michel», obtient l'avis favorable des six commissaires-enquêteurs, les travaux pourraient, selon M. Lécuyer, commencer dès avril 2003. Le budget, de 134 millions d'euros au total, sera pris en charge pour l'essentiel par l'État, les régions Basse-Normandie et Bretagne et les départements de la Manche et de l'Ille-et-Vilaine.
La mise à disposition d'un registre chargé de recueillir l'avis du public constitue la dernière étape d'un projet qui a mis près de dix ans à se concrétiser. «C'est un vieux projet un peu pharaonique», a expliqué à l'AFP Didier Anger, conseiller régional Vert de Basse-Normandie, membre du syndicat mixte qui pilote le projet. «Il a fallu attendre la période 1993-1995 pour que l'Etat décide de débloquer 41 millions», a-t-il poursuivi.
Des études ont été commandées et effectuées, les concertations se sont multipliées avec les commerçants et les riverains, les exigences environnementales ont été définies, un concours européen d'architectes a été lancé pour le pont, etc. «Cela a été long mais nous avons fait en sorte que le dossier soit bien ficelé pour l'enquête publique», fait valoir M. Anger. Il émet cependant quelques réserves. Il souhaiterait notamment qu'apparaissent dans le projet des dispositions plus larges pour garantir la qualité de l'eau «par des modifications de pratiques agricoles le long du Couesnon» et une concertation pour que le Mont soit desservi par le train, «afin de limiter la pollution automobile».
Si une petite proportion de riverains ont exprimé leur crainte devant ce changement complet d'aspect du site touristique, mais une large majorité approuve le rétablissement du caractère maritime du site.

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  AFP
24.07.2002