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Expositions

Les djelabbas de Delacroix

«Couleurs Maroc» ou comment évoquer de manière raffinée les liens du peintre avec l’Afrique du Nord.


Rabat XIXe siècle, dessus de
coffre, Paris, Musée national
des arts d’Afrique et d’Océanie.
© Musée des arts décoratifs
de Bordeaux.
BORDEAUX. Que les amateurs de peinture de Delacroix ne se méprennent pas sur le titre de cette exposition : il s’agit moins de présenter la part orientaliste de l’œuvre du maître romantique que d’évoquer ses sources d’inspiration, à travers des objets d’Afrique du Nord, datant du XVIIe au début du XXe siècle. L’exposition est confidentielle mais raffinée, à l’image du musée qui l’accueille, véritable bonbonnière, ressemblant davantage à une riche demeure bourgeoise bordelaise du XIXe siècle, à peine désertée par ses locataires, qu’à un lieu d’exposition moderne.

Tenchifa et mendils
Dans deux salles, des céramiques, des bijoux et surtout des tissus, ont été rassemblés, essentiellement issus de deux prestigieuses collections : celle du futur Musée du Quai Branly (ancienne collection du Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie), à Paris, et celle d’une couturière de la cour marocaine d’Hassan II, installée à Casablanca, Tamy Tazi. Au rez-de-chaussée, où trône la célèbre et très abîmée Chasse aux lions peinte par Delacroix en 1855, prêtée par le Musée des beaux-arts de Bordeaux, on trouve surtout des armes, des broderies et des céramiques. Le Musée des arts décoratifs de Bordeaux en possède une quarantaine, principalement marocaines, grâce à deux legs (Bonie et Périé) anciens. Deux petits dessins à l’encre noire, confiés par le Musée Delacroix, représentent une Juive de Tanger et un Caïd de Meknès. Mais la «tenchifa» (garniture de miroir) du XIXe siècle, de la collection Tazi, attire davantage le regard. Du premier étage, riche en tentures, ceintures, écharpes de bain et «mendils» (napperons), on retient surtout les bijoux. Entre les pendants d’oreilles de Fès (XVIIIe siècle) et les paires de bracelets de Tiznit (début XXe siècle), le cœur balance.


 Françoise Monnin
04.12.2002