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Expositions

Clouet de père en fils

Quatre-vingt-dix portraits dessinés de la main de Jean et François Clouet sortent pour la première fois des réserves de la résidence du duc d’Aumale. Reconstitution du cabinet de dessins de Catherine de Médicis...


Jean Clouet, Charles cardinal de
Guise puis de Lorraine (1525-1574).

Ca 1555. Inv. MN 77.
© RMN/R.G.O.J.E.D.A.
CHANTILLY. «Jean (v. 1475-1540) et François (v. 1515-1572) Clouet ont donné au portrait ses lettres de noblesse», explique Alexandra Zvereva, commissaire de l’exposition. Fier de détenir la plus importante collection de dessins de la main de ces deux artistes (320 feuilles), le Musée Condé s’est donné pour objectif de reconstituer l’ambiance du cabinet privé de Catherine de Médicis (1547-59) : présentoirs en forme de lutrin et lumière tamisée. Alors que toute la cour de France est rassemblée dans la galerie des Cerfs, certaines pièces, conformément à l’accrochage du Duc d’Aumale, ont rejoint la galerie de Psychée.


Germain Le Mannier,
Charles IX roi de France
(1550 - 1574)

1552. Inv. MN 39.
© RMN/R.G.O.J.E.D.A.
Pierre noire et sanguine
La technique du dessin aux deux crayons, pierre noire et sanguine, est typiquement française. On en trouvait déjà des traces dans certains dessins de Jean Fouquet à la fin du XVe siècle. Les deux portraitistes du roi y ajoutaient, selon les cas, du crayon bleu pour les yeux, de la craie blanche pour les pupilles ou du pastel jaune pour les cheveux. De François Ier à Charles IX, en passant par Henri II, Marguerite d’Orléans ou Antoine de la Barre, archevêque de Tours, les grands noms de la noblesse se sont donnés rendez-vous. Cadeaux de François Ier, fonds d’atelier de Jean Clouet et commandes personnelles sont à l’origine d’une collection unique au monde de plus de 500 feuilles. De 1547 à 1570, la reine de France mène de véritables campagnes de portraits destinées à l’éducation de ses enfants.

La galerie de la «reine noire»
De trois quart, le regard tourné vers le spectateur, des traits fins et réalistes… ce principe s’applique à tous les portraits réalisés par le père comme par le fils. Parmi les pièces les plus étonnantes, Guillaume Budé(v. 1535), dessin préparatoire à la pierre noire du seul portrait peint authentifié de Jean Clouet (Metropolitan Museum of Art) ou encore ce portrait d’Anne de Montmorency de 1555 reprenant à l’identique les contours du visage d’un dessin de 1540… Il était de rigueur, à cette époque, de ne pas trop vieillir les personnes de sang royal ! Mais ils ne sont pas tous de rangs nobles comme le démontre la présence de Fériat dit Triboulet, fou de Louis XII et de François Ier ou de Léonore de Sapata, suivante espagnole de la reine Éléonore.


 Stéphanie Magalhaes
04.10.2002