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Patrimoine

Copie du panneau manquant, réalisée en 1934 et installée à la place de l’original. (archives Françoise Monnin)


Van Eyck prend le taxi

Volé en 1934, un panneau du célèbre retable de L’Agneau mystique peint par les frères Van Eyck (1432) et conservé dans l’église Saint-Bavon à Gand, serait sur le point d’être retrouvé.

Du moins c’est ce qu’affirment deux nouveaux protagonistes de ce délicieux feuilleton : sur internet, le mystérieux D.U.A. (www.dua.host4all.be), et dans la presse belge, un chauffeur de taxi nommé Gaston de Roeck. Info ou intox ? Depuis sa disparition, le panneau aurait déjà été vu sur les bords du Gange, dans la tombe du Roi Albert 1er, ou encore derrière un panneau secret, dans l’église même où il a été dérobé. L’enquête continue.

Jamais peinture n’aura fait couler autant d’encre en Belgique. Pour tout Flamand, le panneau manquant du retable de Gand, c’est bien plus excitant que le tombeau de Toutankhamon. Dès 1934, la légende enfle, grâce à la mort soudaine du voleur (peu de temps après qu’il ait reçu une partie de la rançon demandée), puis à celle tout aussi soudaine d’un dénommé Arsène Goedertier, financier, organiste et amateur d’art, grand admirateur d’Arsène Lupin, qui dans son dernier souffle dit à l’un de ses amis : «Je suis le seul à savoir où se trouve l’Adoration». Dans les archives de Goedertier, la seule indication retrouvée indique «un lieu public». Depuis, les suppositions vont bon train et la chasse au trésor n’en finit pas de s’organiser. La version privilégiée depuis quelques années est celle du panneau dissimulé dans l’église même où il a été volé (selon la romancière Minette Walters, qui a enquêté pour la BBC, et selon Karel Mortier, chef de la police à Gand). Les investigations menées jusqu’alors n’ont rien donné. Un autre ami de Goedertier aurait confié récemment à Gaston de Roeck que le panneau se trouvait «parmi les anges». Au paradis ? De Roeck songe plutôt à des statues représentant des anges : celles de l’église Sainte-Gertrude de Wetteren (à côté de Gand), par exemple. Ému, le procureur Jean Soenen vient d’y dépêcher une équipe, qui à ce jour n’a rien trouvé. Quant à D.U.A., derrière lequel se dissimule un groupe d’adolescents, il assure qu’ils sont pratiquement au bout de leur enquête. L’un d’eux a juré à sa mère, dans la misère, qu’il trouverait un trésor. En attendant, leur site web (qui fonctionne assez mal) a déjà reçu 40 000 visiteurs.


 Françoise Monnin
19.10.2002