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Expositions

Pincemin sur ses lauriers

La nouvelle exposition de ce peintre français majeur est très professionnelle. Trop ?


Jean-Pierre Pincemin,
technique mixte,
1996, 250 x 180 cm.
© Villa Tamaris.
LA-SEYNE-SUR-MER. Dans l’entrée, de très grands formats cernent les visiteurs. Datés des années 1985 à 2000, ils récapitulent les étapes de l’évolution du maître (né en 1944) depuis sa «sortie» du mouvement historique français Support-Surfaces. Il s’agit de toiles, de couleurs subtiles, de matières splendides, de lignes appuyées, inspirées par les techniques de la gravure (pratiquées parallèlement au travail de peinture). Ici, quelques formes géométriques. Là, de grands guerriers japonisants. Plus loin, des jeux de taches, composant d’étranges paysages-mirages. À chaque fois, un intérêt particulier a été apporté aux marges. Les notions de limites et de dépassement fascinent Jean-Pierre Pincemin. «Il s'agit d'un ensemble que je garde pour le prêter dans les expositions. C’est important de garder», dit-il. Les œuvres sont superbes, car le peintre est grand. Mais l’accrochage est froid, et l’essentiel des pièces présentées déjà bien connu des amateurs de Pincemin. «C’est moi qui ai peint tous les tableaux, c’est sûr. Après, les choisir, je ne veux même pas y penser».

Dérive des continents
La critique d’art Évelyne Artaud s’en est chargée, tout comme de faire circuler l’exposition, après la Seyne-sur-Mer, au Musée de Clermont-Ferrand et à l’Espace Écureuil de Toulouse ; «une manière d’amortir le prix du catalogue» qui, de ce fait, ne correspond pas à la présentation. Elle permet toutefois de retrouver de grands morceaux. Au rez-de-chaussée, les plus récents, les plus évocateurs. Au premier étage, la célèbre série abstraite du début des années 1980, constituée de bandes de couleurs élémentaires mais sensuelles, et la série Dérive des Continents, des années 1990, une sorte de relevé topographique de paysages intimes. Au dernier étage, les peintures sont plus petites et sur papier : ici, tachistes, là, inspirées par des estampes anciennes, parfois érotiques. «C'est intéressant de voir, sur vingt ans, mon unité et ma transformation», conclut l’artiste.


 Françoise Monnin
31.10.2002