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Expressionnistes en verve

Porte du Midi, Lodève est aussi, depuis cinq ans, une fenêtre ouverte sur l’art moderne. Seize peintres viennois, de la Sécession à l’expressionnisme, y ont pris leur quartier d’été.


Egon Schiele, Nunoire, 47 x 34 cm, coll. particulière.
© Musée de Lodève.
Klimt, Schiele, Kokoschka sont des noms familiers. Tel n’est pas le cas de ceux de Boeckl, Frankl, Gerstl ou Güttersloh. Pourtant, les uns comme les autres ont été des acteurs essentiels de la modernité en Autriche durant le premier tiers du XXe siècle. En des temps troublés, ils ont remis en cause l’art officiel. La Sécession concrétise cette rupture, tournant engagé par une quarantaine d’artistes, avec Klimt à leur tête. Le mouvement s’inscrit dans la démarche artistique de l’Art nouveau ou du Jugendstil, plutôt préoccupés par le culte de l’esthétisme et par l’ornement. Au même moment, de jeunes artistes développent une sensibilité centrée sur l’humain, que révèle une peinture radicale dans son traitement plus expressif, plus mouvementé. Inconnu au-delà des frontières de son pays, Gerstl, qui s’est suicidé à 25 ans, en est un représentant évident : c’est chez lui qu’apparaissent les prémices de l’expressionnisme autrichien.


Alfred Kubin, La Nuit de Walpurgis,
1918-1920, encre de Chine sur papier,
26,1 x 35,5 cm, Fondazione Antonio
Mazzotta. © Musée de Lodève.
Le corps et le cœur à vif
Tapissées de mauve, les pièces présentent harmonieusement le glissement de la Sécession vers l’expressionnisme. Deux d’entre elles sont consacrées uniquement à Klimt et Schiele. C’est au travers d’une série de dessins - Les Amantes allongées de Klimt (1905), Deux Filles nues debout (1911) ou le magnifique Nu (1917) de Schiele -, certains d’une beauté rare, tant la justesse du trait fait naître la sensualité, qu’on a plaisir à les redécouvrir. En quelques esquisses, le corps humain est magnifié. Le Portrait de Kurt Plabna de Boekl (1917), l’Autoportrait de Kolig (1941) ou La Nuit de Walpurgis de Kubin (1918-1920) sont autant de témoignages puissants sur les meurtrissures d’un pays et une époque douloureuse.


 Nolwenn Chauvin
09.09.2002