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L’Ermitage réussit son passage à l’économie de marché

Sous l’impulsion de Mikhaïl Piotrovsk, directeur de l’Ermitage, le musée s’est adapté à la nouvelle situation économique de la Russie et prône le système de financement français.

Ayant triomphé des difficultés liées au passage au capitalisme, le célèbre Musée de l'Ermitage a appris l'art de gagner de l'argent et s'est forgé la réputation d'un établissement dynamique et moderne, alors que la plupart des musées de Russie stagnent faute de financements. « Il ne s'agit plus de survivre comme cela était le cas il y a quelques années. Nous avons appris à exister dans ce nouveau monde où l'argent joue un rôle important», a déclaré à l'AFP le directeur de l'Ermitage Mikhaïl Piotrovski.

L'un des trois plus grands musées au monde, avec environ 3 millions d'oeuvres d'art , se trouve sous la protection du président russe, mais seulement la moitié de son budget provient de l'Etat. L'autre moitié vient de ses propres ressources. Plusieurs expositions spéciales, tant à Saint-Pétersbourg qu'à l'étranger, l'édition de multiples catalogues ainsi que le lancement de nouveaux projets - notamment l'ouverture d'une boutique sur internet - permettent à l'Ermitage d'avoir une gestion à l'avant-garde des musées de Russie. Les collections de l'Ermitage deviennent de plus en plus connues dans le monde grâce à sa politique d'ouverture et à son dynamisme : l'Ermitage dispose déjà de plusieurs salles d'exposition permanentes à Londres et à Las Vegas. «Cette expansion traduit le rôle de la Russie dans le monde», affirme M. Piotrovski. «Le budget de l'Ermitage a atteint 18 millions de dollars l'année dernière, c'est dix fois moins que celui du musée du Louvre mais dix fois plus que ce que nous avions il y a quelques années», dit-il. Selon le directeur du musée, le système actuel de financement de l'Ermitage (moitié-moitié avec l'Etat) le rapproche des plus importants musées du monde. «Je trouve que la méthode française est la meilleure, où les subventions publiques représentent près de 70% de leurs ressources», estime cependant Mikhaïl Piotrovski.

Plusieurs compagnies occidentales dont IBM et Coca-Cola participent à des projets communs avec l'Ermitage. «Il faut choisir ses partenaires, l'Ermitage est le symbole de la Russie et nous ne pouvons pas nous permettre de prendre de l'argent chez n'importe qui», commente M. Piotrovski. «Nos partenaires respectent bien l'esprit du musée, ils sont très scrupuleux et n'exigent pas leur publicité dans tous les coins», se félicite le directeur.
Le musée doit pour beaucoup sa stabilité économique aux talents de gestionnaire de son directeur et à sa capacité à attirer des bailleurs de fonds, reconnaît-on dans les milieux intellectuels. «Le directeur devait toujours être capable de trouver des fonds tant à l'époque soviétique qu'aujourd'hui», dit Mikhaïl Piotrovski qui affirme également que le patron de l'Ermitage «doit être avant tout un scientifique». Cet orientaliste, âgé de 58 ans, auteur de nombreux travaux scientifiques, a succédé à la tête de l'Ermitage à son père Boris Piotrovski, célèbre archéologue ayant dirigé le musée entre 1964 et 1990.
L'Ermitage, lieu de passage obligé de tout visiteur de Saint-Pétersbourg accueille plus de 2,5 millions de personnes par an. Certains des plus beaux Rembrandt, Van Dyck, Matisse et Picasso des premières périodes, les bijoux de Catherine II, des tissus et des tapis parmi les plus anciens au monde, des pièces d'orfèvrerie grecques et sibériennes, composent notamment les collections impériales russes.

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  AFP
05.08.2002