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Patrimoine

Caméra fixe sur Manhattan

Un cinéaste pose ses objectifs sur Ground Zero pour en suivre les sept années de reconstruction.

NEW YORK, 20 août (AFP) - Pour capturer image par image la renaissance du World Trade Center, un cinéaste a eu l'idée de fixer sur le toit des immeubles surplombant Ground Zero des caméras, qui vont prendre une vue toutes les cinq minutes au cours des sept prochaines années.

Au final, le «Projet Renaissance» (Project Rebirth) aboutira à un film de vingt minutes qui racontera en accéléré et pour la postérité la reconstruction de l'ensemble du quartier, qui n'est plus aujourd'hui qu'une immense fosse de quatre hectares. Un mois après l'effondrement des tours jumelles, Jim Whitaker, vice-président d'une maison de production californienne, se rend à New York pour le mariage d'un ami. Il approche de Ground Zero, qui fume encore, et pense sur le champ à filmer dans la durée le processus de reconstruction.

Avec deux amis new-yorkais, il monte le projet : fixer six caméras 35 mm tout autour de Ground Zero, les doter d'un ordinateur de commande et de cellules automatiques chargées d'adapter l'ouverture des diaphragmes à la lumière ambiante. Ils obtiennent sans peine le soutien des autorités new-yorkaises et le principal financement (400.000 dollars) de la part de la compagnie d'assurance Aon, qui avait ses bureaux dans l'une des tours et a perdu 176 employés dans son effondrement.

A la fin du mois de mai, les trois premières caméras ont été installées dans des caisses de bois renforcées d'acier. Elle enregistrent depuis une image fixe 288 fois par jour. Les trois autres doivent être mises en place avant l'anniversaire de la tragédie. Au cours des sept prochaines années, ces quelque 790.000 prises de vue pourront être assemblées en un film qui devrait, dans l'idée de ses
concepteurs, être projeté simultanément sur six écrans géants, peut-être dans l'enceinte d'un musée qui fera sans doute partie des plans de reconstruction du site. Un autre demi-million de dollars sera nécessaire pour mener l'opération à son terme mais les parrains ne devraient pas être trop difficiles à trouver, estiment les producteurs, qui assurent être prêts à prolonger les choses aussi longtemps qu'il le faudra au cas où la reconstruction durerait plus de sept ans.

« Nous espérons que cela témoignera pour l'Histoire de la persévérance des New-Yorkais et de la résistance de l'esprit américain», a commenté lundi, dans un communiqué, Jim Whitaker. Son co-producteur, le new-yorkais David Solomon, a ajouté: «Dans bien des années, nos enfants vont nous demander comment nous avons fait pour reprendre le dessus après des événements aussi catastrophiques. Nous espérons que notre film les aidera à répondre à cette question». Des micros vont également enregistrer les bruits des futurs chantiers, qui seront inclus dans la bande-son du film.

Les auteurs ont également prévu de réaliser en parallèle un documentaire, sur le même laps de temps, sur la vie d'une dizaine de New-Yorkais directement affectés par le drame du 11 septembre. Ils seront interviewés régulièrement, au cours des sept années à venir, et filmés lors de chaque événement important de leurs vies.


Par Michel MOUTOT

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  AFP
22.08.2002