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Musées

L’affaire Flick, la morale de l’art…

Pour asseoir sa position de métropole de l’art contemporain, Berlin voudrait accueillir la collection de Friedrich Christian Flick. Pas si sûr…

BERLIN. Le Stiftung Preussischer Kulturbesitz, la structure administrative des musées de Berlin, négocie actuellement avec Friedrich Christian Flick. Ce juriste, millionnaire allemand de 57 ans, qui figure sur la liste des deux cents principaux collectionneurs mondiaux publiés par Art News propose en effet d’y déposer quelque 2 500 œuvres contemporaines signées Duchamp, Mondrian, Schwitters, Gursky ou Broodthaers. Si la tâche s’avère difficile, c’est que des débats éthiques y interfèrent. Flick est en effet le principal héritier du plus important constructeur d’armement nazi… Une raison apparemment suffisante pour que sa proposition alléchante n’ait, jusqu’ici, pas trouvé preneur.

Argent et morale
La première étape de ce que les médias allemands qualifient à présent de «feuilleton» remonte à l’année passée. La construction par Rem Koolhaas d’un musée zurichois destiné à accueillir la collection provoquait alors les protestations de la communauté juive et de nombreux intellectuels suisses. Tous s’insurgeaient contre le refus de Flick de reverser de l’argent au Fonds d’indemnisation des travailleurs forcés de la Seconde Guerre mondiale. Suite à cette déferlante, le collectionneur renonçait à son projet ainsi qu’à la présentation de ses œuvres à Munich et Dresde. En juillet dernier, nouveau coup de théâtre... Alors que le Süddeutsche Zeitung annonce un prêt au Dia Center de New York, un démenti atteste des pourparlers entre Flick et les musées berlinois.

Les arguments de Berlin…
Ces multiples rebondissements et les débats dont les journaux allemands se font l’écho invitent pourtant à la plus grande prudence concernant leurs résultats… Interrogé par Die Zeit, Peter Klaus Schuster, le directeur du Stiftung Preussischer Kulturbesitz, s’est insurgé contre les protestations les plus virulentes. « Il est abscons d’établir un lien entre la période nazie et une collection d’art contemporain qui n’est en aucune manière «aryenne». C’est peu de dire que le débat fait resurgir des blessures profondes…


 Zoé Blumenfeld
08.10.2002