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Musées

Enrichissez-vous !

Comment s’enrichissent les musées ? C’est la question cruciale que lance un colloque au Musée du Louvre.

PARIS. Cette problématique, qui relève d’une des missions fondamentales des musées, est soulevée alors même qu’une plus grande autonomie des directeurs des musées du Louvre et d’Orsay, notamment en matière d’acquisition, a été exigée par le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon. Ces établissements comptent parmi les plus gourmands, chacun ayant bénéficié largement des crédits d’acquisition des musées nationaux qui s’élevaient en 2001 à 20,37 millions €. La question des acquisitions renvoie également aux émois suscités par la loi Musée quant à une hypothétique aliénabilité des œuvres, aux palabres concernant l’engorgement des réserves et à la fermeture endémique des salles qui limite la visibilité de chefs-d’œuvre cher payés. Pourquoi, dans ce contexte, les musées nantis de collections pléthoriques cèdent-ils à la frénésie dès qu’un nouveau chef- d’œuvre émerge sur le marché ? Si les musées trahissent quelques signes de fringale encyclopédique, peut-on à l’inverse imaginer une collection close, statufiée ? Cette idée serait inconcevable dans le cas des musées d’art contemporain qui doivent accompagner les artistes, quelles que soient les impasses éventuelles. L’erreur, comme le souligne souvent Alfred Pacquement, directeur du Musée national d’art moderne, serait d’acheter les œuvres d’un artiste de manière timorée et imparfaite.

Inflation des prix
Cette thématique fait aussi surgir le spectre de l’inflation des prix qui rend aujourd’hui les œuvres de qualité «musée» quasiment inaccessibles pour les institutions. On constate avec intérêt que la première journée du colloque ouvre sous les auspices du marché, alors qu’à quelques exceptions près conservateurs et directeurs de musée ont longtemps considéré un rapprochement avec les marchands comme une odieuse mésalliance. Seul regret, la participation d’un seul professionnel étranger alors que plus de 40 % des acquisitions des musées nationaux s’effectuent auprès des galeries, ce chiffre talonnant de près l’autre source importante que sont les collectionneurs privés. Grands absents de la loi Musée alors qu’ils représentent par leurs donations et dations des partenaires essentiels des institutions, les particuliers seront-ils davantage évoqués lors ce colloque ? La présence de Marc Fumaroli, président de la Société des Amis du Louvre, le laisse espérer.


 Roxana Azimi
26.09.2002