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Expositions

Pharaons planche à millions

Pour ce que certains annoncent comme sa dernière exposition, le Palazzo Grassi choisit un thème porteur mais qui manque partiellement sa cible.


Relief des scribes, Nouvel Empire,
XVIIIe dynastie, Toutankhamon et Aÿ.
© Museo Archeologico di Firenze.
VENISE. Un sarcophage de bois, simple et fermé, au centre d’une grande salle vide. La lumière est tamisée, les murs, assombris par la reproduction photographique en format géant de décors d’un tombeau. C’est joli, pratique pour la circulation des dizaines de milliers de visiteurs attendus, mais un peu décevant. Bon nombre de musées possèdent dans leurs collections permanentes de tels sarcophages... Tel est le ton de la nouvelle exposition du Palazzo Grassi, consacrée, selon la commissaire Christiane Ziegler (directrice des antiquités égyptiennes du Louvre et des fouilles de Saqqara), à «tous les aspects d’une monarchie pharaonique qui n’avait jamais été traitée dans son ensemble». L’opération de presse, colossale, menée autour de l’événement, annonce cinq mille ans d’histoire, trois cents objets présentés, une statue de Toutankhamon haute de trois mètres et un pylône de quatre tonnes venu de Pennsylvanie. La scénographie de Francesca Fenaroli ne lésine pas sur la feuille d’or.

En attendant le musée du Caire
Mais les objets présentés (datant presque tous des années 1550 à 1069 av. J.-C.) sont essentiellement de taille modeste et d’un intérêt plus pédagogique qu’esthétique. Ni momies, ni trésors ! De salle en salle, chacune des fonctions du pharaon est expliquée. Prêtre de Dieu et administrateur des humains, il est évoqué à travers des objets quotidiens, des fragments de petites statues et de rares bijoux peu spectaculaires (à l’exception du masque d’or de la dernière salle). La science, quant à elle, donne surtout rendez-vous aux visiteurs dans le catalogue de l’exposition. Rédigé par les plus éminents spécialistes du moment, il fait le point sur l’état actuel des découvertes. Cette énième exposition consacrée à l’époque la plus populaire de l’Antiquité va sans doute être un succès. Le visage noir, énigmatique, reproduit sur l’affiche, fascine visiblement tous ceux qui le croisent dans les rues de Venise et d’ailleurs. Mais pour embrasser réellement le monde des pharaons, «de Kephren à Toutankhamon, de Ramsès à Cléopâtre», sans doute faut-il attendre l’ouverture du nouveau musée du Caire (d’où vient un tiers des pièces présentées à Venise).


 Françoise Monnin
25.09.2002