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Expositions

Pour une poignée de francs suisses

Cinquante mille francs suisses ? C’est le salaire moyen d’un ouvrier suisse… ou le prix de la réelection pour le maire de Zurich.

ZURICH. Cette somme était le montant exact alloué à Christoph Büchel et Gianni Motti pour monter leur exposition au Helmhaus de Zurich, une galerie subventionnée par la ville. Dans un geste spectaculaire d’art conceptuel, les deux artistes ont caché un chèque de 50 000 FS, dans les espaces vides de la galerie, sous le contrôle d’un huissier. À charge pour le public de le dénicher… Mais le maire, Elmar Lederberger, est intervenu pour fermer l’exposition, le 23 août. En pleine polémique sur la meilleure façon d’allouer les réserves excédentaires en or de la Banque centrale suisse, c’est-à-dire la bagatelle de 20 milliards FS…


À la recherche des 50 000 FS...
À la galerie Helmhaus, la quête
a tourné court. © Helmhaus.
Le tremblement de terre, c’est moi
«Les artistes ne peuvent-ils pas réaliser cette exposition pour 20 000 FS ?», aurait demandé le maire, «je suis justiciable de l’utilisation des fonds publics». Les duettistes ont refusé cette proposition au rabais, y voyant un chantage, une «manipulation tactique». Büchel n’est pas un novice dans ce genre d’exercice. Cet été, il a fait parler de lui en mettant aux enchères sur eBay sa place à Manifesta, ce qui lui a rapporté la coquette somme de 15 099 $. Quant à Motti, après avoir clamé qu’il était le responsable du tremblement de terre de Los Angeles en 1992, il s’est présenté contre Bill Clinton aux élections présidentielles américaines. «Ne vivons-nous pas dans un village global ?» s’en est-il justifié au journal Le Temps. Dans un geste taxé de «populiste» par Büchel et Motti, le maire a doublé les dons de la ville à Dresde et Prague, récemment affectées par des inondations catastrophiques. Les 50 000 FS ont trouvé preneur…


 Matthew Rose
26.09.2002