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Musées

Des porcelaines pour ressusciter Dresde

Le Zwinger, endommagé lors des récentes inondations, donne à la collection d’Auguste le Fort l’écrin qu’elle attend depuis trois siècles.


Johann Ehrenfried Stadler, Bouteille
et soupière aux lézards
, c. 1725, Meissen.
© Staatliche Kunstsammlungen Dresden.
DRESDE. Lorsqu’il faisait référence à son amour démesuré pour les céramiques extrême-orientales, le prince électeur de Saxe, Auguste le Fort (1670-1733), parlait de «maladie de porcelaine». Quel autre qualificatif pour une fascination qui l’incita à échanger six cents de ses soldats-dragons contre cent cinquante et un vases monumentaux au décor en blanc et bleu, auprès de Frédéric Guillaume Ier de Prusse ? À côté de ce geste devenu légendaire, la passion incita le prince à fonder la manufacture de Meissen et à constituer une collection qui, en 1721, comptait déjà plus de 14 500 pièces. Pour cette dernière, il rêvait d’un palais japonais. De son vivant, le projet n’a jamais vu le jour. Mais c’est en s’inspirant de ses idées que sa collection est aujourd’hui présentée au palais Zwinger, sur l’autre rive de l’Elbe.

Une ménagerie de porcelaine
«La collection d’Auguste le Fort est installée au Zwinger depuis sa restitution, en 1962. Durant la guerre, elle avait été saisie par les troupes russes et dispersée dans différents musées soviétiques», explique Ulrich Pietsch, le directeur du musée. Mes prédécesseurs avaient déjà commencé à s’inspirer des projets du prince, mais dans la nouvelle présentation, nous allons plus loin. Nous avons recréé, dans une galerie, sa ménagerie de soixante animaux en porcelaine et les aménagements muraux sont plus denses qu’auparavant. Pour ces travaux, nous nous sommes basés sur les dessins d’Auguste le Fort et sur les plans de son architecte. Lorsque nous n’avions pas d’éléments historiques précis, nous avons préféré opter pour un style moderne, plus «Art nouveau», qui laisse toute la place aux œuvres.»

De nouveaux travaux pour 2003
Dans cette nouvelle muséographie, environ 2 500 pièces sont présentées : un peu plus qu’auparavant mais une broutille à l’échelle du fonds qui en compte près de 20 000. «Pour l’instant, les deux tiers des porcelaines exposées sont européennes, contre un tiers de chinoises et japonaises. Mais de nouveaux travaux sont prévus, qui devraient commencer au mois de janvier prochain. Ils devraient nous permettre de présenter de nouvelles pièces pour arriver à l’équilibre que souhaitait Auguste le Fort, à partir du printemps 2004. Dès à présent, les visiteurs français doivent savoir que nous présentons un bouquet de fleurs en porcelaine de Vincennes, offert par Marie-Josèphe de Saxe, l’épouse du dauphin Louis de France, à ses parents, une pièce que nous envient les spécialistes de Sèvres ! »


 Zoé Blumenfeld
09.10.2002