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Expositions

Domenico Ghirlandaio, Giovanna degli Albizzi
Tornabuoni
, 1488 -1490
tempera sur bois.
© Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid.


La Renaissance faite femme

La National Gallery de Washington propose une visite guidée dans l’art du portrait féminin à Florence de 1440 à 1540.

L'exposition retrace l’évolution de l’image de la femme durant la Renaissance. Véritable capitale artistique de l’Italie, Florence est au centre de toutes les innovations picturales. L’art du portrait, sous toutes ses formes, nous livre les clés d’une individualisation progressive. Qui se cache donc derrière ces 47 visages de la Florence du 15e et du 16e siècle? Des femmes, dont on ignore bien souvent le nom, et qui illustrent pourtant un idéal de beauté. Peintures sur bois, sculptures en marbre médailles et dessins proviennent du musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, du British Museum de Londres, du musée Boijman de Rotterdam, de la galerie des Offices de Florence ou le Staatliche Museen de Berlin.

Le portrait demeure représentatif d’une certaine notorité et révélateur d’une volonté d’immortalité. Les condottieri et leurs épouses n'hésitaient pas à faire couler des médailles à leurs éfigies. En 1447, Pisanello fond en plomb le visage de Cecilia Gonzaga et invente par là même une nouvelle forme d’art qui gagnera Florence en 1470. Le portrait en bronze de Giovanna degli Albizzi Tornabuoni attribué à Niccolo Fiorentino se voit ici confronté au portrait de Domenico Ghirlandaio. Les artistes peintres tirent un enseignement de cet art de la médaille comme le témoigne la Jeune femme de profil de Filippo Lippi en 1450.

Influencée par Verrochio et son portrait sculpté de Femme avec un bouquet de fleurs, la Ginevra de Benci de Léonard de Vinci marque le début de nouvelles recherches. Le modèle pivote sur lui-même, les visages se présentent de trois-quart puis de face. Les peintures de Botticelli, Femme à la fenêtre et de Ghirlandaio, Portrait d’une Dame, sont autant de déclinaisons de l’art du portrait. Comment ne pas percevoir dans les visages de cette époque des évocations de Dante ou du Canzoniere de Pétrarque? Est-il nécessaire de rappeler que pour l’humaniste florentin, la beauté physique dissimule la beauté de l’esprit? Ainsi, lorsque Léonard ajoute au revers de son tableau «la beauté orne la vertu», ne faut-il pas y voir un désir de dépasser ce critère d’idéalisation? Une nouvelle dimension psychologique rend au modèle tout son naturel et à l'œuvre sa modernité.


 Stéphanie Magalhaes
02.10.2001