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Expositions

Max Klinger, Brahmsphantasie, opus XII - page 1 Accords, détail, 1894, pointe sèche, eau forte et manière noire, Museum der bildende Künste, Leipzig © Gerstenberger.


Aimez-vous Brahms?

Le Musée d'Orsay présente pour la première fois les partitions de la Brahmsphantasie, illustrées par l'artiste allemand Max Klinger

«Je vois la musique», dit Brahms à la vue des partitions gravées de son Opus XII ou Brahmsphantasie par Max Klinger. Ce peintre, sculpteur, graveur et écrivain allemand (1857-1920), épris de musique et admirateur de Johannes Brahms, avait eu l’idée d’illustrer les œuvres du compositeur. Une longue et profonde amitié se tissa entre les deux hommes, qui se termina par la dédicace des Vier ernste Gesänge, les Quatre poêmes sérieux par Brahms (1833-1897) à Klinger. Composés à l’occasion de la mort du père de Max Klinger, cette partition pour chant et piano s’inspirait de textes bibliques sur les thèmes du deuil et de la compassion. Prémonition ? Un an plus tard, Johannes Brahms quittait ce monde.

Habillée de tons automnaux, la petite galerie Chauchard située sur le côté Seine du Musée, présente en rangs serrés l’intégralité des feuillets de partitions de la Brahmsphantasie, publiée en 1894. C’est la première fois que cette œuvre de 37 pages, 26 mètres de longueur et une demi-heure de musique est exposée en France. Les partitions sont décorées d’une frise horizontale et de cartouches verticaux représentant ici une Femme nue contre un arbre, là L’enlèvement de Prométhée. Klinger, qui maîtrisait de nombreuses techniques (eau-forte, pointe sèche, aquatinte, manière noire, lithographie, rehauts de couleurs), avait pris l’habitude de s’inspirer de la musique pour ses œuvres organisées en cycles ou en recueils, numérotées en opus. Ses thèmes souvent oniriques, rappellent Böcklin et les surréalistes. Une vitrine située au centre de la pièce complète l’accrochage par une série de manuscrits autographes de Brahms - partitions annotées, correspondance avec son éditeur Fritz Simrock - , de même que des portraits du compositeur à tous âges et entouré de ses proches. L’éclairage est pour le moins tamisé, les légendes des œuvres en allemand sont accompagnées d’une traduction française.

Grâce aux prêts généreux du Museum der bildende Künste de Leipzig et de la Gesellschaft der Musikfreunde de Vienne, un nombre important de documents a ainsi pu être rassemblé dans ce petit espace, donnant une vision enrichissante d’un sujet peu connu. Des écouteurs placés près de la vitrine permettent en outre l’immersion totale dans la musique de Brahms. On y entend Le Chant du Destin, Opus 54 de l’orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Claudio Abbado ou Les Quatre chants sérieux, Opus 121 de Thomas Quasthoff baryton et Justus Zeyen au piano - un plaisir pour les sens.


 Amélie de Maupeou
02.10.2001