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Toujours plus haut

Le travail de Yann Arthus-Bertrand suscite des vocations. Quand la photographie aérienne tente de se faire science...

Immédiateté de la perception, rapport émotionnel à l’image, originalité de l’angle de la prise de vue, élargissement du champ de vision, esthétisme : voici quelques-unes des clefs du succès de la photographie aérienne ces dernières années. Avec la parution de L’archéologie vue du ciel, c’est au tour des sites archéologiques et des monuments antiques les plus prestigieux au monde d’être déclinés sur ce thème porteur. Cette invitation au voyage à travers l’espace et le temps est superbement servie par l’irréprochable qualité du crédit photographique - pas moins de 18 photographes, dont Yann Arthus-Bertrand et Guido Alberto Rossi ont collaboré à l’ouvrage. Des pyramides de Gizeh aux tombeaux rupestres de Pétra, de l’esplanade du Temple à Jérusalem au sanctuaire de Zeus à Olympie, du Colisée à Rome aux ruines de Machu Picchu, du théâtre d’Ephèse à la Grande Muraille de Chine, le survol de quelques 72 sites, regroupés par zones géographiques, est spectaculaire.

L’archéologie, la grande absente
L’attrait exercé par ces images, où alternent vues panoramiques et détails de monuments, est tel qu’on en oublierait presque le double objectif, pourtant clairement revendiqué : démontrer le potentiel informatif considérable que recèlent les photographies aériennes et remplir un rôle pédagogique de diffusion de la connaissance. Pour ce faire, de courtes notices accompagnent les photographies, s’attachant à décrire succinctement les sites ou à révéler certains aspects des civilisations dont ils témoignent. Mais, paradoxalement, alors que le livre lui est consacré et malgré le panégyrique qui lui est tressé dans l’introduction, l’archéologie en tant que science est absente de l’ouvrage. Rien sur les méthodes de prises de vues aériennes. À peine quelques microscopiques vignettes noir et blanc de photographies aériennes des années 1930 rappelant l’intérêt du milieu archéologique pour cette nouvelle source d’information dès cette époque. Rien sur l’exploitation, par les archéologues, de ces photographies dont l’étude et le décryptage des données qu’elles fournissent procèdent d’une stratégie non destructive d’analyse des sites, contrairement aux fouilles. Dommage. Reste la beauté de l’image qui assure le succès de ce type de livre, fidèle à sa vocation grand public.


 Caroline Lécharny
17.10.2002