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Expositions

Nouvel aux enchères

L’exposition nationale suisse touche à sa fin. En théorie, tout doit être démonté. Mais certaines architectures semblent être vouées à perdurer, comme le monolithe de Jean Nouvel.


Arteplage de Morat, le monolithe
de Nouvel quelques jours avant
l'ouverture. © Yves André
PARIS. Suivant les plans d’affectations cantonaux, pour l’année 2004, tous les pavillons et installations temporaires seront déboulonnés, désossés, recyclés pour rendre les lieux d’implantation tels qu’ils étaient avant l’exposition nationale. Une vente aux enchères en ligne (www.usedmarket.com, «le liquidateur exclusif de l’Expo 02 en Suisse») est mise en place et propose mobilier, vêtements, véhicules, panneaux de présentation, etc. Les pavillons, eux, appartiennent aux entreprises qui les ont financés. Mais tout le monde ne voit pas du même œil cette table rase de l’exposition. La construction qui suscite à ce jour la plus forte mobilisation est le monolithe conçu par Jean Nouvel pour la ville de Morat.

Un monolithe convoité
Une pétition a été lancée par la chanteuse suisse Véronique Muller pour sauver ce cube d’acier amarré en face du bourg. Le 26 septembre, elle a organisé in situ un concert avec Juliette Gréco pour promouvoir sa conservation et le transformer en centre culturel. De son côté, Robert Niederer, chef de la verrerie à Hergiswil dans le canton de Nidwald, a montré un vif intérêt pour acheter le monolithe. Celui-ci appartient à l’entreprise Nüssli Special Events St. Gallen AG et coûte actuellement 2,25 millions FS (soit 1,54 million €), incluant la superstructure mais sans la plateforme ni le contenu des expositions. Un Américain anonyme et un architecte du Valais seraient aussi sur les rangs pour acquérir l’objet. Comme le précise Laurent Paoliello porte-parole de l’exposition, «le montant à l’achat n’est pas excessif, alors que la maintenance est très onéreuse, l’édifice ayant été conçu pour une durée de cinq ans. De plus, son statut est complexe : il est immatriculé comme un navire et assuré au même titre qu’un bâtiment». Arrimé à un socle en béton par d’énormes chaînes, le coût de son transport resterait aussi conséquent pour les intéressés. Tout un symbole puisque l’édifice illustrait le thème de «Instant et Éternité». Le bâtiment-star de Nouvel n’est pas le seul à déchaîner les passions : le Nuage des architectes Diller & Scofidio retient aussi toute l’attention de la commune d’Yverdon, son hôte durant l’exposition. De même, le Palais de l’équilibre à Neuchâtel pourrait être conservé et recyclé en Maison de la science fiction. Affaires à suivre…


 Rafaël Magrou
11.10.2002