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Expositions

Fiac 2002, les pieds sur terre

La manifestation parisienne, qui ouvre le 23 octobre, refuse la surenchère vers le gigantisme et fait les yeux doux aux collectionneurs.


Zoran Music, Atelier, 1989, huile sur toile.
© Courtesy Galleria D'Arte Contini.
PARIS. «Nous sommes plutôt contents. Le travail porte ses fruits», dit Véronique Jaeger, la directrice artistique, dont la mission essentielle consiste à sillonner le monde, pour en visiter les galeries d’art actuel, afin de les sélectionner pour la FIAC. Beyrouth, Lisbonne, New York, partout, elle prend le pouls des marchands. Ce qu’elle cherche ? «Des exposants travaillant en direct avec leurs artistes, réalisant autour d’eux un vrai programme d’expositions et d’éditions. Des œuvres peu montrées ailleurs, défendues par de bonnes galeries à forte présence internationale, et des collectionneurs présents, autour d’elles...» Pas si courant ! D’autant que les «bons» marchands d’art ont l’embarras du choix en ce qui concerne les foires occidentales, et préfèrent exposer à Bâle et à Cologne plutôt qu’à Paris, stimulés en cela par leurs collectionneurs. Ils ont en effet tendance à penser que «les artistes qui les intéressent ne sont pas présents en France, où la vision du marché est faussée, tant le pouvoir de l’État est inquiétant».

Vive les collectionneurs !
«Les foires se ressemblent et s’agrandissent. 290 galeries lors de la dernière édition de Madrid ! Nous souhaitons prendre le contre-pied (165 exposants). Ne pas être une foire de pur marché mais aussi de découvertes, d’artistes défendables, à des prix abordables. Voilà pourquoi, cette année, 30% des exposants présents à Paris le sont pour la première fois (55% d’entre eux viennent de l’étranger, dont 13 américaines, 12 britanniques et 10 allemandes). À Bâle, on ne voit que des artistes très établis. Il n’est pas question que nous en récupérions les invendus. Le marché est à Bâle, il n’y a pas une galerie qui ne veut pas y être, certes. Mais Bâle coûte très cher et tout le monde n’y vend pas. Nous devons apprendre à ne plus avoir peur de la concurrence», dit encore Véronique Jaeger, consciente du fait que la fragilité psychologique actuelle des États-Unis provoque un nouvel intérêt pour la manière de «fonctionner» des Européens. Objectif premier de la FIAC 2002 : les grands collectionneurs. Deux agences, l’une à New York, l’autre en Allemagne, ont été embauchées cette année pour les repérer. Ils seront 240, invités par la FIAC, à séjourner dans un charmant hôtel du VIIIe arrondissement. Des visites privées des grands événements de l’automne leur seront proposées : expositions «Matisse-Picasso» au Grand Palais et «Louise Bourgeois» au Palais de Tokyo, «Bal Jaune» de l’Espace Ricard, etc. Il y a donc fort à parier que, s’ils se rendront toujours à Bâle pour faire des affaires, ils seront à Paris cet automne pour prendre du plaisir.


 Françoise Monnin
16.10.2002