Livres : le salut qui vient du froid

Vous participez à la conférence de Londres sur la lutte contre les insectes nuisibles. Vous êtes vice-directrice du National Preservation Office. Quelle est la fonction de cet organisme ?
Alison Walker, vice-directrice. Le National Preservation Office a été fondé en 1984. Il emploie 6 personnes et est financé en grande partie par la British Library, où se trouvent nos bureaux. Notre rôle est de conseiller les bibliothèques et les musées sur la meilleure façon de conserver leurs livres, leurs manuscrits, leurs objets. La lutte contre les insectes n'en constitue qu'une partie. Nous fournissons aussi une expertise sur les micro-films, le contrôle de l'atmosphère ou les méthodes de stockage des objets.

Vous utilisez beaucoup la technique du froid. Décrivez-la nous.
Alison Walker. L'objet est enveloppé avec du buvard et placé dans un plastique, dans lequel on effectue le vide. Ce vide ne doit pas être trop poussé. Avec un vide trop poussé, les insectes seraient tués, bien sûr, mais également ecrasés à la surface de l'objet, ce qui produirait des taches. On place ensuite l'objet dans un réfrigérateur et l'on abaisse la température jusqu'à -30°C, pendant 72 heures. La décongélation se fait naturellement, sans être accélérée. Après quoi, on effectue une seconde congélation de 72 heures.

Depuis quand utilisez-vous cette technique et présente-t-elle des risques ?
Alison Walker. Elle est utilisée depuis une vingtaine d'années. Auparavant, on employait des produits chimiques comme le bromure de méthyle. La congélation est une méthode très sûre, elle ne modifie pas la quantité d'humidité et le buvard sert à absorber la condensation. Le papier, le cuir la supportent sans problème. Il faut bien sûr rester prudents, surtout en présence de pigments. L'un des inconvénients de cette méthode est le temps qu'elle nécessite. Mais, à la British Library, par exemple, ne sont traitées que de petites quantités d'objets, par mesure de précaution : les nouvelles acquisitions.