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Expositions

Sculpter, tous les deux ans

À la XIIIe Biennale de Poznan, la sculpture polonaise, enracinée dans la tradition, amorce une ouverture.


Vue d'ensemble avec au premier plan
une œuvre d'AMBROZIAK (Pologne),
2002, bois sculpté, 215 x 135 x 75 cm
POZNAN. Plantée au milieu de la place du marché, bordée de façades du XVIIe et du XVIIIe siècles, la bâtisse en béton qui abrite la Biennale de Poznan est étonnante. Devant, les badauds se pressent autour de trois bronzes monumentaux du sculpteur français Ipoustéguy (né en 1920), qu'ils caressent avec intérêt, en souriant. Quel contraste avec les visiteurs trop sages des autres biennales internationales d'art contemporain ! «J'ai l'impression de me retrouver dans l'ambiance du Salon Jeune Sculpture, à Paris, dans les années 1960», s'exclame un autre des exposants français, Chénard (né en 1943). Passion et appétit règnent donc, notamment au sein de la jeune équipe d'organisation, fédérée autour du commissaire, le sculpteur Robert Sobocinski (né en 1960). Il y a six ans, il a pris le relais de son père, sculpteur lui aussi et créateur de la biennale, réservée d'abord aux petits formats d'artistes polonais. Depuis, l'événement prend son envol. Les premiers artistes ayant répondu à l'invitation ont été des Tchèques, des Lituaniens ou des Allemands. Viennent aussi, désormais, outre une majorité de Polonais, une Chinoise, un Israélien, des Hollandais, des Roumains, des Américains, et de plus en plus de Français.


Détail d'une sculpture d'Ipousteguy
(France) Val de Grâce, bronze,
120 x 125 x 100 cm .
Rencontre avec des géants
La centaine de pièces réunies cette année, autour du thème «Mythes et symboles», est présentée en trois sections : petits formats, grands formats et projets pour l'architecture. Si la définition dominante de la sculpture demeure le modelage et la taille directe, les installations pointent. Parmi les artistes remarquables, le jeune Ambroziak (Pologne), avec ses êtres géants à corps humain et mufle étrange, à mi-chemin entre nouveau fauvisme allemand et figuration libre française. Les bronzes à la cire perdue en très grand format de Sobocinski réinventent quant à eux le romantisme, tandis que les techniques mixtes de Morawetz (Pologne) ou de Bouman (Pays-Bas) définissent un nouveau symbolisme. Une délégation de sculpteurs du département de la Meuse, présente grâce au mécénat du conseil général, occupe le devant de la scène. Outre Chénard et d'Ipoustéguy, elle est constituée de Jofa, Hervelin, Kowalski, Mratinkovic, Médard et Belot, dont l'univers panthéiste constitue un autre des points forts de cette biennale.


 Françoise Monnin
10.10.2002