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Patrimoine

Ci-gît le trésor d’Alaric

Trois archéologues amateurs prétendent avoir retrouvé la tombe du célèbre roi wisigoth.

COSENZA. Depuis seize siècles, tous s’y sont cassés les dents. Même Himmler, que le Führer avait dépêché en Italie du Sud pour mettre la main sur la dépouille de ce surhomme germanique… Selon la légende, Alaric, qui avait dévasté Rome en août 410, serait mort peu après, de la malaria, sur le territoire de l’actuelle Calabre. En accord avec les traditions de son peuple, le fleuve local, le Busento, aurait été dévié et le souverain enseveli dans son lit, avec le produit de ses rapines. Puis le cours du fleuve aurait été rétabli et tous les témoins passés par le fil de l’épée. «Cette légende revient à intervalles réguliers, explique Elena Lattanzi, surintendante à l’archéologie de la région. Elle est basée sur les écrits d’un historien goth, Jordanès. Plusieurs communes près de Cosenza se disputent l’honneur d’abriter la tombe d’Alaric. C’est un peu comme pour Homère en Asie Mineure…»

La fin d’Alaric fait partie de ces grandes énigmes qui passionnent les amateurs, mais que les spécialistes observent avec scepticisme. Depuis près de quinze ans, les deux frères Bosco, qui travaillent dans la banque et le commerce de détail à Rende, près de Cosenza, clament, avec leur beau-frère, qu’ils ont résolu le problème. Ils savent où est Alaric. «Le texte de Jordanès doit être interprété de façon métaphorique, explique Francesco Bosco. Il écrit qu’Alaric est enterré sous le sable du Busento. Nous avons découvert en 1989 une grotte près du fleuve, au lieu-dit Rigardi. Elle fait face à une immense croix gravée dans la montagne, de vingt mètres sur douze. À l’intérieur, il y a un autel wisigoth et une immense quantité de sable rapportée de la rivière…» Pour les archéologues, il s’agirait simplement d’une grotte autrefois habitée par des moines venus de Byzance, comme on en trouve beaucoup dans la région. Mais les Bosco ne nourrissent pas le moindre doute. Devant les refus répétés du ministère de la Culture de les autoriser à fouiller, ils ont porté l’affaire devant les tribunaux. L’audience est fixée au 10 avril, à Catanzaro.


 Rafael Pic
24.01.2003