Home > Le Quotidien des Arts > Anges gardiens du patrimoine

Patrimoine

Anges gardiens du patrimoine

Destiné à accueillir les œuvres d’art du Sud de la France, le Centre de conservation et de restauration du patrimoine a ouvert ses portes le 3 octobre.


© CICRP.
MARSEILLE. Sur une grande table parfaitement plane, une toile de Kees Van Dongen attend d’être soignée. Plus loin, une peinture de Hyacinthe Rigaud exhibe son squelette fissuré sur une radiographie géante. Ces œuvres détériorées seront les premières à être placées entre les mains des spécialistes du tout nouveau Centre interrégional de conservation et de restauration du patrimoine (CICRP) de Marseille. Destiné à recevoir les peintures sur bois et sur toile, et les œuvres graphiques des musées, monuments historiques, archives, bibliothèques des trois régions du Sud (Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse), ce complexe de 7500 m2 a coûté 6 millions €. Il est installé dans l’ancienne manufacture des tabacs de la SEITA, superbement restaurée en brique et verre.


© CICRP.
Un modèle de décentralisation
Comptant huit techniciens et ingénieurs, le laboratoire est destiné à analyser et prévenir les dégradations «qui ont pour cause majeure les conditions climatiques et environnementales», explique Elisabeth Mognetti, la directrice générale du centre. Disposant d’un équipement qui permet de réaliser des images scientifiques numérisées et des études fines des matériaux parfois sans même faire de prélèvement (grâce à la microspectrophotométrie infrarouge) ainsi que d’une antenne mobile, les spécialistes peuvent accélérer le vieillissement des pigments et analyser les dégradations des amas de peinture. Disposant de la moitié de la surface totale, les ateliers de restauration sont équipés d’espaces de stockage, de montage, de nettoyage et de zones de traitement à humidité et températures modulables, qui permettent à une vingtaine de restaurateurs indépendants d’intervenir sur des tableaux de grand et très grand format. Géré par un Groupement d’intérêt public culturel (GIPC), le centre est financé par l’État (à 45%), la Ville de Marseille, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Département des Bouches-du-Rhône, et bénéficie de crédits européens. Selon les termes de Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture et de la Communication, c’est «un modèle de décentralisation qui aura valeur de référence pour d’autres projets».


 Anouchka Roggeman
29.10.2002