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Expositions

L’art se met en pages

Soixante livres d'art réalisés par les plus grands artistes et écrivains de ces trente dernières années sont exposés à Versailles.


Zanzucchi / Tasset, Le papillon a
blanchi d’avoir si peu volé
.
© Imprimerie nationale.
VERSAILLES. On ne pouvait rêver plus bel écrin pour ces pages d'art qui sont une histoire d'amour entre peintres, graveurs, artisans d'art et écrivains. C'est aussi l'histoire d'une passion : celle de la galeriste Michèle Broutta, commissaire de l'exposition. Ces livres de bibliophile, ce sont ses coups de coeur, une anthologie, un hymne à la fidélité, née de l'amitié qui la lie aux artistes : «Je venais de l'édition littéraire et j'ai eu envie d'entrer dans la fabrication du livre. J'ai découvert le travail des artisans du livre grâce à l'éditeur bibliophile Joseph Foret. J'ai été fascinée car les gens vivaient la même perfection dans leur travail que dans leur vie. J'ai travaillé sept ans pour Foret, puis les artistes m'ont poussée à me mettre à leur compte», explique l'éditeur d'art. Pari réussi : Michèle Broutta a édité les plus grands.

Pointes sèches de Dali
À l'entrée, trônent deux livres d'exception fétiches qu'elle appelle «ses talismans». Tristant et Iseult avec des textes du Xe siècle d'André Mary et Thomas, et vingt et une pointes sèches originales de Salvador Dali. La couverture en étain frappé et les lettrines gravées sur bois debout, dessinées par l'artisan typographe, sont autant de caresses pour l'oeil. Les Mythologies, de Michel Tournier avec vingt-quatre gravures de Pierre-Yves Trémois, est «habillé» d'une couverture en étain, très «cosmique». Le dernier né est Le Radeau de la Méduse avec un texte inédit de Michel Tournier et trente-cinq lithographies réalisées par Lionel Guibout (coédité avec la Galleria des Leone -Venise). Dans le prolongement du livre de peintre imaginé en 1909 par Kahnweiler qui fit travailler Derain, Picasso et Fernand Léger, Michèle Broutta a réuni tous ses amis écrivains et artistes : Alexandre Calder et Jacques Prévert, Joan Miro et Pierre Desnos, Michel Seuphor, Véra Székély, Antoni Tapiès et Octavio Paz, Fréderic Benrath et Michel Butor, François Houtin et Federico Garcia Lorca... Mais aussi le livre-objet d'Isabel Echarri et Fernando Arrabal, les paysages de José Hernandez, le livre-sculpture de Fred Kleinberg et Kits Hilaire, le livre-mémoire et Yuri Kuper. Tous témoignent d'une quête exigeante de la beauté et de l'absolu.


 Brigitte Camus
19.10.2002