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Expositions

La femme de travers

Après les caricatures de Victor Hugo, la Maison de Balzac s’attaque aux traits du caractère féminin.


GavarniChemin du théâtre, Paris
le matin. Le Charivari
,
imp. D’Aubert & Cie.
© PMVP/L. Degrâces.
PARIS. Au cœur de l’ancien village de Passy, la Maison de Balzac accueille quatre-vingt caricatures signées Gavarni et Monnier. En traversant les pièces, qui évoquent toujours la présence de l’écrivain, le visiteur se replonge dans l’ambiance du XIXe siècle : parquet usé, meubles d’époque et plaques typographiques consacrées aux personnages de romans. Il faut emprunter les escaliers en colimaçon, qui descendent au sous-sol, pour commencer la visite de l’exposition. Sur les murs, les gravures du XIXe siècle passent en revue la psychologie féminine tandis que de discrets panneaux rappellent l’intérêt de Balzac pour ce sujet. Il n’est donc pas surprenant de retrouver les traits de Madame Sauvage (Le Cousin Pons) dans la série La Boîte aux lettres de Garvarni ou de reconnaître Madame Fontaine (Le Cousin Pons) dans le rôle de la tireuse de cartes.

Des poissonnières aux entremetteuses
Au cri de «Moi, les hommes… ça ne m’a jamais tenu bien fort», la ménagère accoudée à son buffet est le parfait exemple des caricatures cinglantes réalisées par Gavarni, illustrateur au Charivari et dessinateur de séries aujourd’hui célèbres comme D’après nature, Les Lorettes vieillies ou Impressions de ménage. Des poissonnières aigries aux entremetteuses déchues, les portraits tracés par l’artiste déclinent aussi bien la déchéance physique que morale de ces personnages. Aux dialogues mordants des commères traitant les hommes de «crapauds» ou de «chiens» répond la série Revers de la médaille critiquant les excès de coquetterie de femmes. Attention donc aux dangers des pommades à faire pousser les cheveux et à la trop grande consommation de pâtes orientales ! La dernière partie de l’exposition est consacrée à la fourberie féminine s’exerçant dans le cadre d’un mariage de raison. L’image de la femme soumise au pied de son mari (Impressions de ménage, Charivari, janvier 1847) s’efface devant les messes basses et les arrière-pensées de ces jeunes filles «condamnées» à chercher un amant…


 Stéphanie Magalhaes
24.10.2002