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Expositions

En prise avec Hugo

À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, retour sur la vision «sculptée» de Rodin de son fascinant contemporain.


Anonyme, Buste de Victor Hugo,
papier albuminé, 14,3 x 32,2 cm,
Paris, Musée Rodin.
© Musée Rodin.
BESANÇON. Il ne s’agit pas de la énième exposition sur Victor Hugo mais bien de l’une des meilleures qui soient. Aucune, auparavant, ne s'était attachée à mesurer Victor Hugo à un autre génie. Présentée dans l'ensemble du rez-de-chaussée du musée, l’exposition regroupe, dans un parcours scénographié par Didier Blin, une centaine d'œuvres - croquis, dessins, gravures, photographies, ébauches, plâtres, marbres et bronzes - qui évoquent les difficultés rencontrées par Rodin pour réaliser le buste d’Hugo. Etudes de têtes, visages agrandis aux fronts «chahutés», oreilles esseulées… montrent que Rodin aimait les traces du hasard et de l’accident. À travers les différentes étapes de son travail, on saisit sa recherche de la simplification et son souci de la meilleure représentation de Victor Hugo, «nu, car on ne revêt pas un dieu d'une redingote».

Quid du «Penseur» ?
Une salle entière est consacrée à la relation entre Hugo, Rodin et Dante, notamment avec le célèbre Tympan de la Porte de l’Enfer : Le Penseur est-il Dante, Rodin ou Hugo qui, dans le prologue de La Légende des siècles, se décrit «songeant sur ce mur» ? «J’eus un rêve : le mur des siècles m’apparut. C’était de la chair vive avec du granit brut…». L’exposition se clôt avec des figures plus libres qui vivent indépendamment du monument pour lequel elles avaient été créées, comme La Méditation, La Muse tragique et Le Buste héroïque à la patine verte : des œuvres aux effets dramatiques qui laissent apparaître une violence de la pensée et de l’écriture.


 Muriel Carbonnet
22.10.2002