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Expositions

Sisley, l'impressionniste discret

Après Ferrare et Madrid, c’est Lyon qui accueille une rétrospective du collègue de Monet et Pissaro.


Alfred Sisley, Penarth, 1897,
huile sur toile, 53 x 64,5 cm,
© Hanovre Niedersächsiches
Landesmuseum, Landesgalerie
Hannover.
LYON. Avec «Alfred Sisley : poète de l'impressionnisme», le «Petit Louvre» lyonnais espère franchir une nouvelle étape. Une tentative un peu paradoxale, car parmi les impressionnistes, Sisley est resté en retrait, longtemps confiné dans les coulisses de l'histoire de l'art. Monet, Renoir ou Pissarro ont largement volé la vedette au discret paysagiste à l'existence humble et sans remous. «Le plus méconnu et peut-être le plus pur des impressionnistes», estime cependant Françoise Cachin. En effet, contrairement aux autres membres du groupe, Sisley est resté fidèle aux principes fondateurs de l'impressionnisme : peinture de plein air, expression des sensations vécues au contact de la nature, grande attention portée aux effets de lumière. Placée sous le signe de la continuité, apparemment répétitive, la peinture de Sisley n'en fut pas moins en constante évolution, remettant insensiblement en jeu ses propres règles. C'est cette richesse «en creux» que tente de mettre en valeur l'exposition.

Le mouvement incessant de la surface de la vie
La scénographie se distingue par sa simplicité : des cimaises aux couleurs ternes, une disposition des tableaux aérée, des textes explicatifs succincts. Le parcours est à la fois géographique et chronologique. Dès ses débuts, dans les années 1860-1870, Sisley s'attache, de manière quasi obsessionnelle, aux mêmes motifs : forêt, chemin, fleuve, berges, ciel. Le grand tableau inaugural Allée de châtaigniers (1865) fixe quelques aspects essentiels de sa peinture : profondeur de champ, vues panoramiques, douceur des formes. Inlassablement, Sisley arpente et peint les mêmes lieux aux alentours de Paris. Il en capte les variations chromatiques et lumineuses infinies, selon les moments de la journée ou selon les saisons. À la fin de sa vie, il aborde de nouveaux motifs (une église, un rocher) et ose quelques compositions audacieuses, Penarth (1897) par exemple. La sobriété de l'exposition sied parfaitement aux œuvres présentées. Elle invite le spectateur à une attention soutenue et à un cheminement lent, afin de percer les secrètes variations d'un peintre qui, à l'instar de ses personnages imperceptibles, s'efface derrière le mouvement de la vie.


 Jean-Emmanuel Denave
28.10.2002