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Musées

Vie de château

Dans le cadre du festival Images au centre, à Blois et à Bourges, Mac Adams et Michel Séméniako revisitent l’histoire.


Mac Adams, Apparitions, 2002,
panneau d’un triptyque, 119 x 123 cm
Courtesy & : gb agency, Paris
© Mac Adams - ADAGP.
Au château de Blois, la chambre à coucher d’Henri III est tapissée d’énormes tableaux du XIXe siècle qui perpétuent le souvenir de l’assassinat du duc de Guise, tué dans cette pièce même, la nuit du 22 novembre 1588. Tout est pénombre, on se croirait à l’heure du crime. On voudrait tout voir ! Le photographe gallois Mac Adams, connu pour son Mémorial à la guerre du Vietnam, relate ce drame à travers des diptyques astucieux. Sur chaque image, nous en avons en réalité deux : une nature morte avec des fruits dessine, en ombre chinoise, la narration du crime. On reconnaît le duc à sa barbiche. On perçoit un couteau pointu puis sa silhouette fine et aristocratique couchée à terre. Michelet raconte que le duc de Guise fut convoqué au château la nuit, qu’il était troublé, épuisé et qu’il avait avalé des prunes de Brignoles parce qu’il avait froid. Un détail culinaire qui n’a pas dû échapper à Mac Adams…

Filles de Bourges
Sur un tout autre registre esthétique, Michel Séméniako fait résonner l’histoire de l’hôtel particulier Jaques Coeur avec les «photographies négociées» auquel il nous a déjà habitués. Il les obtient toujours en collaboration avec ses modèles. Ici, ce sont Les demoiselles de Bourges : de jeunes lycéennes qui, au moment de la pose, se regardent dans un miroir, arrangent la lumière et donnent le signal du déclic. Elles ajoutent à leur portrait traité en noir et blanc l’image d’une sculpture qu’elles ont choisie dans les recoins de l’architecture de cette résidence du XVe siècle. Cette figurine représente leur «petit moi», qu’elles ont colorié avec des lumières acidulées. Leur effigie ainsi arrangée est ensuite exposée, non seulement sous la colonnade de la cour, mais aussi sous la forme de grandes affiches, un peu partout dans la ville. Les habitants reconnaissent-ils les leurs ?


 Ileana Cornéa
30.10.2002