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Politique culturelle

Alexandrie, une bibliothèque est née

Deux mille ans après l’incendie de la célèbre bibliothèque antique, la ville du delta du Nil inaugure son nouveau centre du savoir.


La nouvelle bibliothèque d'Alexandrie
par le cabinet Snohetta
© D.R.
ALEXANDRIE. Le bâtiment, en forme de disque à demi enfoncé dans le sable du désert, est l’œuvre du cabinet norvégien Snohetta, vainqueur du concours d’architecture de 1989, qui avait reçu plus de 500 projets. Son coût - 225 millions $ - a été pris en charge par l’Égypte et d’autres pays du monde arabe. À l’intérieur, sept niveaux permettent d’accuellir 2 000 lecteurs et, à terme, 8 millions de livres. Les ouvrages en rayons ne sont actuellement que 200 000. Bien loin des 700 000 manuscrits que comptait l’institution au temps de sa splendeur, avant son incendie, en 48 av. J.-C., lors des guerres entre César et Pompée. Il ne reste d’ailleurs rien des collections de l’époque : en 615, sur ordre du calife Omar, les derniers manuscrits servirent à chauffer pendant six mois les étuves de la ville… Le fonds d’ouvrages anciens est donc modeste et provient de dons - en particulier de l’université d’Alexandrie, qui a aussi cédé le terrain. En revanche, les 10 000 titres qui le composent ont déjà fait l’objet d’une numérisation complète.


Vue intérieure de la bibliothèque
© D.R.
Succès populaire
Son directeur, Ismael Serageldin, le répète à l’envi : Bibliotheca Alexandrina n’est pas un simple dépôt de livres. Il s’agit d’un complexe culturel au croisement des civilisations, comme du temps où ses directeurs se nommaient Apollonius de Rhodes et Eratosthène, où ses habitués s’appelaient Archimède et Euclide, où les Septante y réalisaient une impeccable traduction en grec de l’Ancien Testament… On y trouve un planétarium, un laboratoire de restauration de manuscrits islamiques, un atelier de calligraphie. Un petit musée scientifique, offert par la France, aura essentiellement un rôle pédagogique. Le Musée des antiquités rassemble des objets déposés par le Musée égyptien du Caire et ceux mis au jour durant les fouilles qui ont accompagné la construction, comme cette belle statue en basalte d’Isis. La bibliothèque, qui recevait déjà 7 000 visiteurs par jour avant son inauguration, devra maintenant prouver qu’elle est capable de s’ouvrir à un large public. Après Callimaque et Properce, après Cavafy et Lawrence Durrell, un nouvel âge d’or pour Alexandrie ?


 Rafael Pic
17.10.2002