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Patrimoine

On a volé le nez de Gogol

En Russie, les nouvelles satiriques de l’écrivain font partie du domaine public. Qui ne connaît les mésaventures du tailleur dans Le Manteau ? Et celles du modeste fonctionnaire, qui, un jour, voit son nez mener une existence propre et déambuler le long de la perspective Nevski ?

Selon nos informations en provenance de Saint-Pétersbourg, la police n’a pas pu mettre sur les traces du nez toutes les compétences voulues. Elle a en effet été occupée le même jour par un autre vol, celui de douze jeunes singes sud-américains au zoo. Dans ses déclarations à la presse, le sculpteur Viacheslav Bukhaiev, auteur en 1994 de l’œuvre, qui pèse environ 100 kg, a simplement dit : «Le nez semble s’être absenté pour une promenade». L’artiste, qui est également architecte, a collaboré avec Mikhail Chemiakin à un monument à Pierre le Grand, inauguré en juin 2001 sur les bords de la Tamise, où le tsar s’était rendu en 1698. Il a précisé qu’il n’excluait pas de remplacer la sculpture évanouie mais qu’il serait plus fidèle à l’original gogolien, en n’omettant pas d’y graver la date de naissance. Dans l’attente, les fanatiques des Âmes mortes pourront se constituer un pélerinage alternatif vers les statues de l’écrivain, place de l’Amirauté ou dans la rue Malaïa Koniouchennaïa.


 Rafael Pic
26.10.2002