Home > Le Quotidien des Arts > La techno au secours de l’art

Expositions

La techno au secours de l’art

Le Centre Georges Pompidou étudie les relations qu’entretiennent l’art contemporain et la musique.


Flow Motion, Ghost Dance, 2002,
installation audiovisuelle, vue
de l’exposition au MACBA.
© Photo Miquel Bargallo.
PARIS. Cet automne est décidément celui de la confrontation des arts plastiques avec d’autres médias. Alors que telle exposition interroge les relations texte-image («Sans commune mesure» au Centre national de la photographie, ainsi qu’au Fresnoy et au Musée d’art moderne de Lille-Métropole), à Beaubourg, la «techno» obtient son droit de cimaise. Conçue par sa commissaire, Christine Van Assche, comme une exploration de «la nouvelle géographie des sons», Sonic Process présente deux types d’installation sonore : des œuvres plastiques conçues par ou avec des musiciens, ainsi que des travaux de plasticiens intégrant une dimension sonore. À «Sonic Boom», la principale exposition du genre organisée en 2000, des musiciens investis dans le champ des arts plastiques comme Brian Eno, Ryoji Ikeda ou encore Pan Sonic avaient alors été invités à la Hayward Gallery de Londres. À Beaubourg, dans ce domaine, seules les collaborations de Tosca-Gabriel Orozco et Mike Kelley-Scanner sauvent la mise. Les projections de huit cents diapositives de l’artiste mexicain au rythme des infra-basses dansantes du groupe autrichien emportent le regardeur/auditeur dans un environnement qui traite de la nature et de la ville, tandis que les deux autres évoquent, dans une séance de spiritisme loufoque, les grands disparus de Paris comme Lautréamont ou Tzara.

L’esthétique du sampling
Mais c’est surtout dans la seconde catégorie d’œuvres exposées, celles réalisées par des plasticiens à part entière, que l’on trouve des travaux intéressants. Renée Green, dans une série de courtes vidéos, interroge les fondements de la musique électronique. Doug Aitken, en périphérie de l’exposition, propose un récit déconstruit projeté sur un dispositif quadridimensionnel. Mathieu Briand invite le spectateur à remixer plusieurs vinyles eux-mêmes issus de l’enregistrement de visiteurs qui l’ont précédé. La cacophonie conceptuelle qui en résulte ressemble étrangement à l’exposition. Cette dernière, même si elle constitue une initiative rafraîchissante dans le paysage artistique français, échoue car elle se fonde sur une opinion communément reçue aujourd’hui, celle qui consiste à penser que les arts plastiques contemporains seraient conditionnés par l’esthétique du «sampling», ou réunion d’échantillons. Or cette hypothèse de la «post-production» oublie bien souvent que si ce dépassement disciplinaire est bien réel, il s’est produit dans l’autre sens : les inventeurs de la musique électronique connaissaient bien plus le ready-made qu’on ne le pense.


 Frédéric Maufras
28.12.2002