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Expositions

Prêtresse assise, 6e siècle, provenant de Kokai, Ôizumi-machi, 68,5 cm
© Musée national de Tokyo, bien culturel important


Haniwa, les gardiens des tertres funéraires

Des figures de terre cuite lèvent le voile sur la civilisation japonaise des 5e et 6e siècles.

On connaissait déjà les modèles réduits emportés dans l’au-delà par les défunts égyptiens ou l’armée qui veille sur le Premier Empereur de Chine. Aujourd’hui, la Maison de la Culture du Japon nous fait découvrir les haniwa, les terres cuites alignées sur le sommet et le pourtour des tertres funéraires dès le 3e siècle. Pour prolonger encore un peu le mystère, elle les présente dans une profonde obscurité. La découverte se mérite et les yeux doivent s’habituer pour que leur soit révélée la beauté de la première œuvre, une Tête de fille délicatement modelée.

Une fois cette magie opérée, les 36 terres cuites des 5e et 6e siècle issues des collections japonaises se dégustent avec un plaisir d’autant plus grand que la présentation est claire. On débute avec une galerie de portraits. Car, en plus de leur qualité plastique, entre stylisation caricaturale et naturalisme, ces sculptures font revivrent sous nos yeux la satisfaction d’un paysan portant la houe au retour des champs, la tension d’un guerrier revêtu d’une armure pour partir au combat ou la solennité d’un noble en tenue d’apparat. On poursuit avec des figures zoomorphes figeant dans l’argile un coq dont le chant matinal symbolise la régénérescence des âmes ou un cheval richement harnaché qui marque l’autorité du défunt. Viennent encore les représentations d’objets, casques, boucliers et carquois protégeant l’espace funéraire. Et pour finir deux ensembles, les maquettes de maisons retrouvées sur le site d’Akabori-Cha-usuyama et les six personnages agenouillés du tertre de Kannon-yama.

Clous du spectacle, ces deux ensembles permettent aussi de revenir sur terre et de s’interroger sur la raison d’être de ces objets. Les textes de l’exposition et le documentaire télévisé font le point sur les connaissances historiques. Ces figures sculptées dérivent probablement de vases et de simples cylindres de terre séchée. Elles délimitaient l’espace sacré des tombes. Mais les sources anciennes sont si pauvres que nombre de questions demeurent. Les haniwa étaient-ils les simulacres d’anciens sacrifices ? Matérialisaient-ils les cortèges funèbres ? Contribuaient-ils à asseoir le prestige des descendants du prestigieux défunt ? Représentaient-ils la vie dans l’autre monde ? Le mystère reste entier.


 Zoé Blumenfeld
05.10.2001