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Experts sur la sellette

Quel est l’impact des estimations chiffrées dans le prix final lors d’une vente aux enchères ? Une conférence à New York soulève le problème.

NEW YORK. Dans le panorama des bases de données sur les ventes aux enchères, celle qui a été établie par Michael Moses et Jianping Mei, deux professeurs de la Stern School of Business, à la New York University, peut sembler fort maigre. Elle ne porte que sur 6 000 objets. «Cependant, nos indices ont à nos yeux une fiabilité que les autres n’ont pas, explique Michael Moses. Pour une raison simple : nous ne prenons en compte que les œuvres qui sont passées au moins deux fois en vente, en remontant jusqu’au XVIIe siècle.» Leur indice composite est passé d’une valeur 1 en 1875 à 10 000 en l’an 2000 (à consulter sur www.meimosesartindex.org).

Sotheby’s, la première
Ce bond spectaculaire, une fois décrypté, se lit ainsi : sur la période, les investissements dans l’art ont fait mieux que les obligations. Ils ont, en revanche, été moins performants que le marché des actions. Cependant, et c’est là une conclusion inattendue, ils ont été marqués par une volatilité moindre que ce dernier et par une corrélation moindre avec d’autres actifs. En d’autres termes, pour qui lui aurait accordé sa confiance, l’art se serait révélé sur un peu plus d’un siècle l’élément idéal de diversification d’un portefeuille… Autre conclusion à contre-courant : les chefs-d’œuvre feraient moins bien que les œuvres «moyennes». Les deux professeurs mettent leur iconoclasme au service d’une question brûlante : à quoi servent les experts ? «Avant 1973, les catalogues de ventes aux enchères ne comportaient pas d’estimations chiffrées. Sotheby’s a été la première maison à les introduire et ses principaux concurrents lui ont vite emboîté le pas. L’introduction de ces estimations a-t-elle affecté le prix des œuvres et leur rendement ?» Premiers éléments de réponse, le 8 novembre, avec, entre autres, Orley Ashenfelter, de Princeton, William Goetzmann, de Yale, Victor Ginsburgh, de l’Université libre de Bruxelles.


 Rafael Pic
07.11.2002