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Politique culturelle

Jeu de paume, il y a photo...

Le ministre de la Culture profite du Mois de la photo pour annoncer le recentrage de l’institution parisienne sur l’image.

PARIS. La conférence de presse du 29 octobre sur la politique immobilière du ministère de la Culture était attendue depuis longtemps. Jean-Jacques Aillagon y a confirmé la poursuite de tous les grands projets déjà engagés, du 51, rue de Bercy (la Cinémathèque française) à la Cité de l’architecture et du patrimoine, de la Cité des archives à l’Institut national de l’histoire de l’art, en redéfinissant dans certains cas leur périmètre ou leur dotation budgétaire. La plus grande surprise est venue du sort fait à la Galerie nationale du Jeu de Paume, qui avait déjà fait l’objet de fuites les jours précédents. Sous la baguette de Daniel Abadie, le bâtiment remanié par Antoine Stinco s’est fait une spécialité des rétrospectives d’artistes à cheval entre les maîtres historiques et la «contemporanéité absolue». Récemment, ce sont Mathieu ou Stämpfli qui ont eu droit à ses cimaises et Zao Wou-Ki y est annoncé pour la fin 2003. Le ministre s’est livré à un exercice dialectique difficile : tout en soulignant la nécessité de lieux d’exposition pour ces «générations intermédiaires», il a, en substance, annoncé que le Jeu de Paume ne leur serait plus consacré mais qu’il deviendrait la Galerie nationale de l’image. Le constat qui a motivé cette nouvelle orientation, qui ne sera effective que courant 2004, est fort défendable. Par sa dispersion, par l’éclatement des structures, la politique de l’État en matière de photographie manque de cohérence. «Elle a moins de visibilité que celle de la Ville de Paris, a souligné le ministre. L’objectif consiste donc à installer au Jeu de Paume, qui dispose d’une superficie totale de 2385 m2, le Centre national de la photographie.

Le Centre national de la photographie (CNP) occupe actuellement un bâtiment rue Berryer, «dont la localisation est insuffisamment attractive». Ce faisant, le ministère poursuit sa rationalisation budgétaire en mettant fin à une location coûteuse. Si l’aspect social a été immédiatement abordé - il n’y aura pas de licenciement parmi les trente-cinq salariés - et si l’on a rendu l’hommage obligé aux dirigeants actuels - le précité Daniel Abadie et Régis Durand du CNP, les modalités de cette politique ambitieuse n’ont pas été dévoilées. À la question pertinente de savoir si les volumes du Jeu de Paume - grandes salles, éclairage zénithal - se prêtaient à la présentation de la photographie, il n’a pas été apporté de réponse convaincante. L’assurance a simplement été donnée que l’architecte Antoine Stinco serait associé à tout projet de transformation. Et alors que le ministre dénonçait par ailleurs la tendance au mitage et à la dispersion des collections, il annonçait que l’on avait enfin trouvé un lieu pour exposer la donation Lartigue, en attente depuis quelques années. Elle rejoindra l’Orangerie… de l’hôtel de Sully, à l’autre bout de Paris.


 Rafael Pic
02.11.2002