Home > Le Quotidien des Arts > Jérôme Clément, président d’Arte France

Politique culturelle

© Arte.

Jérôme Clément, président d'Arte France

«J’aime beaucoup collectionner. Je n’achète que ce que j’aime. J'ai des photographies d’Eric Aupol, des œuvres de Henri Cueco, de Djamel Tatah, des dessins de Pignon-Ernest.»

Lundi 11 novembre. Je déjeune avec Bernard Faivre d’Arcier, le directeur du festival d’Avignon. Même s'il est difficile de montrer du théâtre à la télévision, Arte a toujours tenu à remplir cette mission. L’École des Femmes mise en scène par Didier Bezace, que nous avons diffusée en «prime time» cette année, a d'ailleurs très bien marché.

Mardi 12 novembre. C’est une journée très politique ! Je rencontre Alain Sebban, directeur du développement des médias au ministère de la Culture, Claire Brisset, chargée d’une mission sur l’impact de la violence à la télévision sur les mineurs, et Olivier Dassault, député, rapporteur spécial de la commission des finances, en charge de la culture. Promouvoir Arte, c'est un travail quotidien vis-à-vis des téléspectateurs mais aussi des décideurs.

Mercredi 13 novembre. Je suis à Strasbourg comme chaque semaine. Arte, ce sont deux cents personnes à Paris, un peu moins en Allemagne et quatre cents à Strasbourg. Strasbourg, c'est le cœur stratégique d'Arte.

Jeudi 14 novembre. En tant que conseiller municipal à Clamart, je participe au conseil d’administration de la fondation Arp, qui y est basée. Il y a eu un lourd contentieux avec la fondation allemande, qui a même mené à des saisies en douane, mais les relations s’apaisent. Je m’intéresse beaucoup à l’art moderne et contemporain. À Art Paris, j’ai acheté une œuvre de Riba, un artiste français, qui fait des sculptures originales en carton. Avec une vingtaine d’amis, nous avons créé en 1986 un groupe d’achat, Honoré 91. Nous cotisons à un pot commun, environ 600 € par trimestre, et nous achetons une soixantaine d'œuvres sur quatre ans. Elles circulent entre les différents membres du groupe, cela nous permet de renouveler les accrochages à la maison ! À l’issue des quatre années, nous nous les répartissons selon un système de préférence négative très élaboré.

Vendredi 15 novembre. Je suis invité à un petit déjeuner à l’occasion de la visite du président Vicente Fox en France. Ce sera l'occasion de relancer des projets de coopération avec le Mexique. Nous avons déjà fait beaucoup de choses, notamment un film avec François Reichenbach, qui avait d’ailleurs une magnifique collection d’art mexicain, qui a été vendue récemment. Je travaille ensuite avec Emmanuel Hoog, le président de l’Institut national de l’audiovisuel. Nous utilisons beaucoup leurs archives et nous montons avec eux de nombreuses coproductions. Nous sommes également engagés l'un et l'autre dans des opérations de soutien à l'Afghanistan qui se traduiront pour Arte France par la réhabilitation de l'auditorium du lycée franco-afghan de Kaboul.

Samedi 16 novembre. J’irai à Drouot, que je fréquente dès que j’ai un moment. J’aime son atmosphère, son aspect mélangé. J’y ai récemment acheté un tableau de Kupka, à un prix très abordable, malgré la récente rétrospective à Orsay qui a dû avoir un effet sur sa cote. C’est un tableau assez kitsch, peint des deux côtés. J’aime beaucoup collectionner. Je n’achète que ce que j’aime. J'ai des photographies d’Eric Aupol, des œuvres de Henri Cueco, de Djamel Tatah, des dessins de Pignon-Ernest. J’aime beaucoup Charles Matton mais ses boîtes coûtent vraiment cher ! Maintenant que mes enfants s’installent, je partage ces œuvres avec eux. Je pense qu’ils y sont sensibles, tout comme j’ai été marqué par la collection de netsuke de ma mère, qui était pharmacienne et qui se passionnait pour l’art.


  Propos recueillis par Rafael Pic
11.11.2002